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L’importation des voitures fait grimper l’euro sur le marché noir

Par Younes Saâdi
6 octobre 2025

Le taux de l’euro poursuit sa hausse face au dinar algérien. Depuis la reprise de l’importation des véhicules de moins de trois ans en février 2023, la monnaie européenne ne cesse de gagner du terrain sur le marché noir des devises.

Entre février 2023 et octobre 2025, le taux de change de l’euro a progressé de 24,07 %. Il est passé de 216 dinars algériens pour un euro à 268 dinars au 4 octobre 2025. Cette flambée s’explique par un phénomène précis : l’importation massive de voitures neuves et d’occasion par les particuliers.

L’importation automobile alimente la hausse du taux de l’euro

Depuis la levée des restrictions, les Algériens se tournent massivement vers les marchés étrangers pour se procurer des véhicules. “Les acheteurs viennent nous voir pour acheter des euros, souvent de grosses sommes, afin de payer les voitures importées. Cela tire les prix vers le haut”, explique un cambiste rencontré à Alger.

L’importation automobile est devenue l’un des principaux moteurs de la hausse du taux de change de l’euro. Faute d’une offre locale suffisante, la demande pour les véhicules importés explose. Le seul constructeur actuellement actif, Fiat Algérie, ne parvient pas à satisfaire le marché national.

En parallèle, les concessionnaires automobiles agréés n’ont reçu aucune autorisation d’importation depuis plus de deux ans. Cette situation a forcé la quasi-totalité des acheteurs à se tourner vers l’importation individuelle, qui dépend directement du marché noir pour l’obtention des devises.

Le retour des importations via les ports d’Alger et d’Oran

Depuis le 15 septembre 2025, les ports d’Alger et d’Oran ont repris le débarquement de véhicules. Des cargaisons importantes ont afflué, marquant le retour effectif de l’importation automobile à grande échelle.

Ce rebond s’est immédiatement répercuté sur le taux de l’euro. La demande en devises a bondi dès la seconde moitié de septembre, provoquant une flambée des taux sur le marché parallèle.

De plus, en juillet 2025, le ministère des Finances a introduit un référentiel de prix pour les véhicules neufs importés. L’objectif : contrôler les tarifs et éviter les surévaluations. Toutefois, cette mesure a eu un effet secondaire inattendu. De nombreux acheteurs ont préféré passer à l’importation, jugées plus simples et moins coûteuses qu’acheter une voiture sur le marché locale, accentuant ainsi la pression sur la demande d’euros.

Un marché noir toujours incontournable

Le taux de l’euro reste aujourd’hui un indicateur clé du marché parallèle des devises. Faute de canaux bancaires accessibles, les particuliers continuent de s’approvisionner auprès des cambistes.

Les observateurs estiment que tant que la production automobile nationale restera limitée et que les concessionnaires ne pourront pas importer, le taux de l’euro continuera de grimper. “Chaque voiture importée, c’est une transaction en devise de plus. La demande ne faiblit pas”, souligne un opérateur du secteur.

Une tendance lourde pour l’économie

Cette hausse constante du taux de l’euro met en lumière les déséquilibres structurels du marché des devises en Algérie. En l’absence de régulation efficace et de production locale suffisante, le marché noir demeure le principal acteur de l’échange de devises dans le pays.

Pour les experts, seule une réforme profonde du système bancaire et une relance industrielle durable permettront de stabiliser le taux de l’euro et de réduire la dépendance au marché parallèle.

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