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L’intérim de Sifi Ghrieb déterre le scénario d’une législative anticipée

Par El Kadi Ihsane
2 septembre 2025
Passation de pouvoirs entre Nadir Larbaoui et Sifi Ghrieb, nommé Premier ministre par intérim.

Le limogeage de Nadir Larbaoui, le 28 août dernier, et la nomination au poste de Premier ministre par intérim de Sifi Ghrieb ont ouvert la porte à de nombreuses spéculations. Faute de précisions sur la nouvelle mission de Sifi Ghrieb, ministre de l’Industrie sous Nadir Larbaoui, les interrogations enflent sur la séquence politique actuelle.

La nomination d’un Premier ministre par intérim est-elle une mesure de très court terme prise à vif, le temps de boucler un casting pour un Premier ministre conforme au texte constitutionnel, et donc avec la présentation d’un gouvernement remanié ? Cet attelage provisoire devra-t-il, au contraire, assurer la gouvernance des 9 prochains mois qui nous séparent de l’échéance des élections législatives à leur échéance de juin 2026 ?

Dans un tel flou, un autre scénario revient nécessairement dans les spéculations. Celui d’une élection législative anticipée. Il donnerait une explication au caractère intérimaire de la présence de Sifi Ghrieb à la Primature. En réalité, il a déjà été question d’élections législatives anticipées au lendemain des élections présidentielles anticipées, il y a une année. Ce thème s’est éclipsé les mois suivants. Il peut, aujourd’hui, se justifier politiquement. Les simples changements de Premier ministre – tous les 21 mois en moyenne depuis décembre 2019 – n’arrivent pas à donner une impulsion vertueuse à l’action des gouvernements successifs.

Remettre du politique dans le gouvernement

Le drame de Oued El-Harrach a libéré une vague d’indignation synonyme d’un épais malaise populaire dont les répliques sociales et politiques sont à venir. Dans un tel contexte de tension, le « choc » d’un renouvellement de l’Assemblée nationale avant sa date de juin 2026 a plus de chances de créer de nouvelles attentes de redressement.

Toutefois, une élection législative anticipée ne ferait illusion qu’un moment. C’est la capacité d’une assemblée « bien élue » à porter activement une majorité de gouvernement qui est en jeu dans la suite du 2e mandat présidentiel. L’expérience de gouvernements et de Premiers ministres détachés de l’enracinement parlementaire, si elle devait se poursuivre à l’identique, fait débat.

Les attaques publiques inédites d’Abdelkader Bengrina, chef de parti dans une informelle majorité présidentielle, cette semaine, à l’encontre de deux ministres actuels laissent bien montrer qu’une revendication pointe en faveur d’une plus grande association des partis politiques de cette majorité présidentielle à l’incarnation du gouvernement.

Une telle évolution ressemblerait toutefois à un retour au schéma de gouvernement des années Bouteflika. La présidence y conservait trois ou quatre portefeuilles de souveraineté sous sa coupe directe et distribuait au FLN, RND et le MSP notamment, mais pas seulement, les postes ministériels sectoriels et techniques. Rien n’indique encore que cette option soit retenue par le président Tebboune dont on connaît la détestation du système des partis politiques et la préférence pour les cabinets de technocrates sans appartenance politique autre que l’obédience administrative hiérarchique.

Le risque d’un coup pour rien

Une élection législative anticipée ne serait pas un événement incongru après que les présidentielles de 2024 aient été avancées de trois mois. Le gain politique à en tirer pour la présidence dans le but de créer du mouvement opposable au marasme social voudrait que l’annonce ne tarde pas.

La Constitution exige dans son article 151 que le corps électoral soit convoqué au moins 90 jours avant le vote. L’opération peut encore se boucler en 2025 si elle devait être retenue.

Ce scénario, s’il est évoqué à nouveau, demeure toutefois faible. Une élection législative anticipée fermée, comme celle du 12 juin 2021 où les listes de candidatures ont été nettoyées en amont par les services de sécurité, serait un coup politique pour rien.

Et personne ne paraît, ni à la présidence ni du côté de l’armée, prêt à envisager une mini-ouverture politique qui rende plus utile l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale. Les équilibres actuels pourraient en souffrir et l’incertitude des urnes, dans le cas où les Algériens se remettraient à voter un peu plus, est toujours anxiogène pour le système depuis le 26 décembre 1991.

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