Face à l’essor des cryptomonnaies et aux risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, l’Algérie a choisi d’abord d’interdit, à travers une loi, leurs émissions, détention ou minage et ensuite renforcer les compétences de son appareil judiciaire par une collaboration avec des experts américains. Le cœur de la stratégie : appliquer, sur le terrain, la loi 25-10 et répondre aux exigences du GAFI.
L’interdiction des cryptomonnaies en Algérie date déjà de 2018, ensuite réaffirmé avec la loi 25-10 adopté en juillet dernier. Les autorités voient dans les actifs numériques un risque majeur. Leur caractère décentralisé, l’absence d’intermédiaires bancaires et la difficulté de contrôle en font un outil privilégié pour les flux financiers opaques. Dans ce contexte, une interdiction seule ne suffit pas : encore faut-il des magistrats capables de comprendre comment fonctionnent blockchains, portefeuilles numériques et plateformes d’échange.
La loi 25-10, qui encadre la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, pose le cadre. Son article 6 bis interdit toute opération liée aux actifs numériques : émission, détention, minage, usage, vente, spéculation ou création de plateformes. En pratique, toute transaction en cryptomonnaie tombe en zone illégale. Aux juges et procureurs, désormais, d’identifier ces opérations, de qualifier les infractions et d’exploiter les preuves numériques, ce qui suppose des compétences très spécifiques.
Cette montée en puissance judiciaire répond aussi à une pression internationale. Inscrite sur la “liste grise” du Groupe d’action financière (GAFI), l’Algérie doit démontrer qu’elle renforce effectivement son dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, y compris dans le champ des actifs virtuels. La formation des magistrats devient ainsi un signal politique : celui d’un État qui veut se conformer aux standards internationaux et sortir de cette liste.
Pour y parvenir, Alger s’appuie sur une coopération active avec Washington. Depuis le débit de l’année 2025, des ateliers réunissent magistrats, experts de la Banque d’Algérie, analystes de la CTRF, gendarmes et policiers, encadrés par des spécialistes américains du FBI et d’OSINT dans le cadre du programme ICITAP. Ces ateliers d’experts sont centrés, selon le ministère de la Justice sur le traçage des flux en cryptomonnaies, analyse de réseaux de transactions frauduleuses, usage du renseignement en sources ouvertes.
L’enjeu est de passer du texte de loi à la pratique judiciaire. En se dotant de magistrats formés aux nouvelles formes de criminalité financière, l’Algérie cherche à faire de la loi 25-10 un outil réellement opérationnel, à rassurer le GAFI et à mieux protéger sa souveraineté financière à l’ère numérique.





