La loi de finances pour 2026 confirme, une fois de plus, l’absence de vision stratégique et la persistance d’une gestion conjoncturelle des finances publiques. Au lieu d’amorcer les réformes structurelles indispensables à la refondation de l’économie nationale, le gouvernement s’enferme dans la facilité budgétaire et la reproduction d’un modèle rentier à bout de souffle.
Avec un déficit budgétaire qui dépasse les 20 % du PIB, le pays s’engage dans une trajectoire dangereuse d’endettement et de déséquilibre macroéconomique. Plus de 60 % du budget est absorbé par les salaires de la fonction publique et les transferts sociaux, laissant une marge de manœuvre dérisoire pour l’investissement productif. Cette situation traduit un État qui consomme plus qu’il ne produit et qui continue de subventionner la précarité au lieu de stimuler la création de richesse.
Pire encore, la loi de finances 2026 reconduit les mêmes recettes éculées : dépendance structurelle aux hydrocarbures, fiscalité pétrolière dominante, et restrictions arbitraires des importations. Ces dernières, appliquées sans stratégie industrielle ni concertation avec les acteurs économiques, fragilisent davantage le tissu productif national et perturbent les chaînes d’approvisionnement. Elles accentuent la pénurie, favorisent la spéculation et découragent l’investissement.
Au lieu d’une vision économique claire, le pouvoir continue d’improviser, sans cap ni cohérence, repoussant sans cesse l’échéance des réformes profondes nécessaires pour sortir définitivement de la dépendance à la rente.
Pour le RCD, cette loi de finances s’inscrit dans la continuité d’une politique budgétaire erratique qui hypothèque l’avenir et compromet la soutenabilité du Trésor public à moyen terme, surtout dans un contexte où les prix du pétrole ne peuvent plus durablement soutenir les dépenses publiques.
Les réformes que le RCD juge urgentes et prioritaires
Face à ce constat alarmant, le RCD plaide pour une réorientation immédiate et courageuse des politiques économiques et budgétaires autour de plusieurs axes structurants :
-Rééquilibrage budgétaire et rationalisation des dépenses publiques
Il est urgent de revoir les affectations budgétaires entre les ministères, d’éliminer les postes budgétivores et de réduire le train de vie de l’État. La rigueur doit redevenir une vertu publique, et la transparence, une exigence permanente.
-Réformes structurelles profondes
La modernisation du système bancaire et la numérisation accélérée de l’administration sont indispensables pour rattraper le retard accumulé, réduire la corruption, fluidifier les transactions et créer de la valeur ajoutée réelle.
La digitalisation doit être considérée comme un levier de productivité et non comme un simple slogan technologique.
-Amélioration du climat d’investissement
L’État doit s’abstenir de toute ingérence administrative dans l’acte économique et garantir la sécurité juridique des investisseurs. Un cadre clair, stable et prévisible est la première condition pour attirer les capitaux nationaux et étrangers.
Réforme et développement du marché des capitaux
Le RCD appelle à ouvrir la Bourse d’Alger à certaines grandes entreprises publiques, telles que Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Télécom, Naftal ou encore Cosider, afin d’introduire de la transparence dans leur gestion et d’élargir les sources de financement de l’économie.
Une telle ouverture, prudente, équilibrée et contrôlée, pourrait se faire à hauteur maximale de 30 % du capital, notamment pour des entreprises stratégiques comme Sonatrach, afin de préserver le rôle majoritaire de l’État et la souveraineté nationale.
Cette démarche, bien encadrée, constituerait un signal fort de modernisation et de confiance, tout en contribuant à dynamiser un marché financier en sommeil depuis trop longtemps.
Ciblage et rationalisation des transferts sociaux
Le système actuel de subventions doit être réformé pour qu’il bénéficie réellement aux catégories vulnérables. Le soutien universel et non ciblé alourdit les finances publiques sans impact social significatif.
De même, l’allocation chômage doit être revue et adossée à des formations qualifiantes et à des dispositifs d’insertion professionnelle, pour éviter les effets pervers de dépendance et de détournement.
Pour une refondation économique nationale
L’économie nationale a besoin d’un changement de paradigme et non de simples ajustements comptables. Le pays ne peut plus survivre au rythme des cours du baril ni aux expédients budgétaires sans lendemain.
L’heure est venue d’engager un véritable projet de refondation économique, fondé sur la diversification, la productivité, la transparence et la gouvernance démocratique.
Pour le RCD, seule une approche globale, adossée à une volonté politique réelle, permettra de libérer les énergies créatrices, d’assurer la soutenabilité budgétaire et de remettre l’Algérie sur la voie du développement durable, indépendant et juste.