La nouvelle loi française interdisant le démarchage téléphonique sans consentement préalable, prévue pour l’été 2026, menace des dizaines de milliers d’emplois au Maroc, où le chômage reste élevé, rapporte le journal français Libération.
Le secteur des centres d’appels au Maroc, qui emploie environ 120 000 personnes, est directement concerné : le marché français représente plus de 80 % de son chiffre d’affaires. Une large part de ces structures repose sur le démarchage sortant. Selon Ayoub Saoud, secrétaire général de la FNCAMO, cité par le journal, « il faut se préparer à des fermetures », notamment parmi les petites entreprises qui ne peuvent pas pivoter vers les appels entrants.
Le démarchage téléphonique représente, selon les chiffres officiels marocains, 15 à 20 % de l’activité du secteur. Mais l’impact de la loi française pourrait plonger des dizaines de milliers de travailleurs dans le chômage. Le secteur compte environ 800 centres d’appel autorisés, mais des centaines d’autres opèrent dans l’informel, souvent sans contrat ni protection sociale. Concentrées à Casablanca, Marrakech et Tanger, ces structures emploient aussi de nombreux migrants subsahariens, particulièrement exposés à la disparition soudaine de leur emploi.
Cette crise annoncée intervient alors que le chômage au Maroc atteignait officiellement 13,3 % fin 2024, avec un taux particulièrement élevé chez les jeunes (35,8 %). En 2023, le pays avait déjà perdu 157 000 emplois, principalement dans l’agriculture. La menace sur les centres d’appel vient donc aggraver une situation déjà critique, où plus de 1,14 million de personnes vivent en situation de sous-emploi.