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L’or flambe en Algérie : entre panique des bijoutiers et fièvre mondiale du métal jaune

Par Djaffar Ouigra 9 octobre 2025

Le marché de l’or en Algérie traverse une crise sans précédent. Depuis près de trois semaines, les prix ne cessent de grimper, suivant une courbe ascendante qui ne connaît aucun répit. Le gramme, qui se négociait encore à 25 000 dinars, s’affiche désormais entre 30 000 et 31 000 DA, soit une hausse de plus de 20 % en quelques jours.

Cette flambée soudaine a semé une véritable anarchie dans le secteur, où ni les bijoutiers ni les clients ne savent plus à quel prix se fier.

Les bijoutiers à bout de souffle : « Vendre devient une perte »

Dans les quartiers commerçants d’Alger et de Tizi Ouzou, la colère gronde. Un artisan bijoutier confie son désarroi : « Avec cette hausse sans fin et l’instabilité du prix de l’or, on est vraiment dans l’impasse. Dans la majorité des cas, on vend à perte. »

Selon lui, les marges sont désormais quasi nulles : « Il faut parfois emprunter pour racheter la même quantité vendue. Fermer ma bijouterie devient une option moins risquée que de vendre à perte. »

Le pire, dit-il, est encore à venir : d’ici la fin de l’année, le gramme pourrait atteindre 45 000 dinars si la tendance se maintient.

Le constat est partagé par ses confrères : il devient difficile d’établir un prix stable entre le matin et le soir.

Les clients observent, médusés

Face à cette spirale, les acheteurs se replient.

« J’étais venue acheter il y a quelques jours, le gramme était à 28 000 DA. Aujourd’hui, impossible d’en trouver en dessous de 30 000. C’est invraisemblable », témoigne une cliente.

Même le prix de l’or de casse fluctue à grande vitesse : il est passé de 23 000 DA hier soir à 21 000 ce matin.

L’instabilité est telle que le marché tourne au ralenti, figé entre méfiance et attente.

De Tamanrasset à In Guezzam, le pays redécouvre son potentiel aurifère

Cette crise intervient alors que l’Algérie redonne une dimension stratégique à l’exploitation de son or. Le groupe public Sonarem vient d’obtenir deux nouvelles autorisations d’exploitation à Tamanrasset et In Guezzam, deux zones riches en gisements.

Avec 93 sites aurifères identifiés, principalement dans le Sud, le pays dispose d’un potentiel considérable.

Les mines d’Amesmessa et de Tirek, récemment relancées après des années d’arrêt, illustrent cette volonté de redynamiser la filière.

Entre 2022 et 2024, la production nationale a atteint 350 kg d’or, et le gouvernement vise désormais 240 kg par an à court terme, grâce à une professionnalisation accrue du secteur : 46 permis industriels et plus de 220 licences artisanales ont déjà été délivrés.

Une fièvre mondiale qui contamine les marchés

Mais la flambée algérienne n’est qu’un écho d’une tension mondiale.

L’or, valeur refuge par excellence, s’envole sous l’effet de tensions géopolitiques croissantes au Proche-Orient, de la reprise hésitante de l’économie chinoise, et des incertitudes entourant la croissance américaine.

Depuis 2022, plusieurs banques centrales ont renforcé leurs réserves d’or pour se prémunir contre un dollar jugé trop dominant.

À cela s’ajoute la hausse des coûts d’extraction, qui pèse sur la production mondiale.

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