Le 22 mai, les actionnaires de NCA Rouiba devraient entériner la vente de la société au groupe Hamoud Boualem. Cette opération mettra fin à quatre années de contrôle par le français Castel, via sa filiale Brasseries Internationales Holding (BIH), entrée au capital en janvier 2020.
Ce rachat faisait suite à une grave crise financière : en 2019, NCA Rouiba avait vu son chiffre d’affaires chuter de 40 %, à 3,58 milliards de dinars, et affichait une perte nette dépassant les 3 milliards. Pour éviter la cessation de paiement, la famille Othmani, fondatrice de l’entreprise, avait obtenu un financement d’urgence de 945 millions de dinars de BIH, accompagné d’une augmentation de capital réservée à Castel, qui devenait l’actionnaire majoritaire.
Un intérêt public, mais tardif
Alors que l’accord entre Castel et Hamoud Boualem était en phase finale, le groupe public Madar a manifesté un intérêt pour NCA Rouiba. Trop tardivement pour influencer le processus, mais suffisamment pour relancer les questions sur la valorisation stratégique de l’entreprise.
L’entrée éventuelle de Madar aurait pu offrir une option alternative aux actionnaires minoritaires, notamment ceux restés au capital depuis l’introduction en Bourse de 2013 et qui n’avaient pas répondu à l’offre publique de retrait de 2020. Pour eux, une offre concurrente aurait pu créer un levier de valorisation.
Pourquoi NCA Rouiba attire
La marque Rouiba reste une référence sur le segment des jus premium dans un marché évalué à 260 milliards de dinars par an. Sa notoriété, son réseau de distribution et son image auprès des consommateurs en font une cible de choix pour tout acteur souhaitant se renforcer dans l’agroalimentaire.
Pour Madar, son intérêt s’inscrivait probablement dans une logique d’investissement stratégique à long terme. Pour Hamoud Boualem, c’est une opportunité de diversification, mais non sans risques.
Un pari risqué mais structurant pour Hamoud Boualem
Historiquement centré sur les boissons gazeuses, Hamoud Boualem a déjà tenté d’élargir son offre sans grand succès : sa marque d’eau minérale Alma, acquise à Bejaia, a été revendue, et sa propre gamme de jus, lancée il y a plus de vingt ans, n’a pas vraiment trouvé sa place sur le marché.
Avec NCA Rouiba, le groupe mise cette fois sur une marque déjà installée, avec un savoir-faire, une notoriété et une base industrielle. L’enjeu : ne pas répéter les erreurs passées, réussir l’intégration, et relancer une entreprise encore fragile sur le plan financier.
La reprise de NCA Rouiba par Hamoud Boualem symbolise les recompositions en cours dans le secteur algérien des boissons. L’intérêt – trop tardif – de Madar souligne le poids stratégique de l’entreprise. Reste à voir si Hamoud Boualem saura transformer cette acquisition en succès industriel et commercial.
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