Réunis à Vienne, les deux grandes organisations du pétrole et du gaz alertent : le monde consomme toujours plus d’hydrocarbures, mais les investissements ne suivent pas. À long terme, préviennent-elles, la sécurité énergétique mondiale pourrait vaciller.
Le sixième dialogue énergétique de haut niveau entre l’OPEP et le Forum des pays exportateurs de gaz aurait pu passer pour une rencontre technique de plus. Il a finalement pris des allures d’avertissement adressé à l’ensemble du marché mondial. À Vienne, les deux organisations ont insisté sur la même idée : la demande de pétrole et de gaz continue de grimper, et rien n’indique un retournement rapide. Pourtant, les capitaux investis dans ces secteurs restent insuffisants pour accompagner cette trajectoire.
Haitham Al Ghaith, secrétaire général de l’OPEP, et Mohamed Hamel, son homologue du Forum du gaz, ont longuement insisté sur ce paradoxe. Les deux institutions anticipent des besoins colossaux d’ici 2050.
Des projections qui révèlent un fossé inquiétant
Pour le gaz, il faudrait plus de 11 000 milliards de dollars d’investissements afin de répondre à la consommation future. L’industrie pétrolière, elle, nécessiterait plus de 18 000 milliards. Des montants qui, selon les deux responsables, ne sont pas atteints aujourd’hui, en raison d’un climat international peu favorable aux investissements de long terme.
Pour l’OPEP, la réalité est simple : malgré les ambitions de transition énergétique, la demande mondiale d’énergie augmentera encore de 23% d’ici 2050. Le pétrole pourrait alors atteindre les 123 millions de barils par jour. Le gaz, de son côté, resterait indispensable dans la production électrique, l’industrie ou même les usages domestiques. « Ce sont des besoins réels, pas des scénarios théoriques », a insisté Al Ghais, rappelant que la croissance démographique et l’élévation du niveau de vie sont les premiers moteurs de cette hausse.
Le Forum du gaz partage le même constat. Son secrétaire général souligne que le gaz demeure le combustible fossile dont la consommation augmente le plus rapidement. À horizon 2050, la demande mondiale progresserait de plus de 32%. Une dynamique portée par les économies émergentes, en Asie et en Afrique notamment, où le gaz est perçu comme un compromis entre accessibilité, sécurité d’approvisionnement et moindres émissions par rapport au charbon.
Cette rencontre intervient surtout à un moment où la pression se fait sentir sur les pays producteurs. Les contraintes environnementales, les incertitudes géopolitiques et les fluctuations de prix découragent une partie des investissements. Or, préviennent l’OPEP et le Forum du gaz, la transition énergétique ne peut réussir que si les approvisionnements restent stables. Autrement dit, sans investissements massifs dans les hydrocarbures, même les objectifs climatiques risquent d’être fragilisés.





