Au cœur du Forum Africain sur le Commerce et l’Investissement (IATF) 2025, qui se déroule cette semaine à la SAFEX d’Alger, un nom a dominé les débats : Mansa Digital Initiative. Portée par la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), cette plateforme numérique s’impose comme un levier incontournable pour dynamiser le commerce intra-africain et renforcer la confiance des investisseurs.
Lors d’une séance particulièrement suivie, Mme Maureen Mbah, responsable de Mansa, a présenté devant un public attentif l’importance de cette initiative pour l’économie continentale.
Un « passeport » numérique pour les acteurs économiques africains
Mansa n’est pas une simple base de données, mais un référentiel numérique unique rassemblant plus de 236 000 entités africaines : petites et moyennes entreprises (PME), grandes sociétés et institutions financières.
Chaque entité se voit attribuer un identifiant unique, l’Africa Entity Identifier, véritable passeport numérique qui facilite la vérification d’identité, renforce la confiance et simplifie les transactions commerciales.
Mme Maureen Mbah a rappelé avec force que « les PME sont les véritables leaders commerciaux du continent ». Ces dernières sont essentielles à la croissance économique, mais les échanges intra-africains demeurent limités, représentant seulement 18% du commerce du continent, contre 60 à 70% dans les économies développées.
C’est là que Mansa entend jouer un rôle décisif : « Nous aidons les producteurs locaux à ajouter de la valeur à leurs produits et à renforcer leur présence sur le marché afin qu’ils soient reconnus à l’international », a-t-elle expliqué.
Promouvoir une industrialisation compétitive et durable
L’objectif affiché par Afreximbank à travers Mansa est clair : faire de l’Afrique un continent industrialisé, capable de transformer ses matières premières pour augmenter sa valeur ajoutée. Mme Mbah a cité en exemple de grands producteurs comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, qui exportent trop souvent des produits bruts – notamment le cacao – au lieu de produits transformés à forte valeur.
« Nous ne pouvons plus nous permettre d’exporter 100 millions de tonnes de produits primaires sans transformation. Il est crucial que chaque pays exploite ses avantages comparatifs pour produire et exporter des biens à forte valeur ajoutée, qui renforceront ses revenus et son image sur la scène mondiale », a-t-elle affirmé.
Dans cette dynamique, Mansa se positionne comme un facilitateur clé, en regroupant toutes les informations financières, juridiques et commerciales nécessaires pour sécuriser les relations entre acteurs économiques africains.
La transparence comme vecteur de confiance
Un autre aspect central de l’initiative est la confiance, trop souvent freinée par le manque de visibilité ou par les coûts élevés liés à la conformité réglementaire. Mansa a été conçue pour lever ces barrières.
Comme l’a souligné Mme Mbah : « La réussite de Mansa repose sur l’adhésion des entreprises à une démarche de transparence et de traçabilité. Cette plateforme permet de présenter des données fiables et vérifiées qui rassurent partenaires et investisseurs. »
Grâce à ses partenariats avec plus de 340 institutions financières et les banques centrales africaines, Mansa garantit l’authenticité des données, réduisant ainsi les risques et favorisant la confiance.
Un écosystème pour renforcer l’intégration régionale
Au-delà de Mansa, la conférence de l’IATF a mis en évidence la nécessité de multiplier ce type d’initiatives. Couplées à des mécanismes comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), elles constituent les piliers d’un écosystème commercial intégré, compétitif et résilient.
Un intervenant a d’ailleurs rappelé que « des initiatives comme Mansa sont fondamentales pour consolider la structure même de l’économie africaine, en facilitant les échanges, en maîtrisant les risques et en favorisant une véritable intégration régionale ».
Un nouveau souffle pour les PME et les femmes entrepreneures
Mme Mbah a aussi insisté sur l’importance de l’accompagnement des PME et des femmes entrepreneures, acteurs essentiels du développement durable. Mansa ne fournit pas seulement un accès à des données fiables pour commercer, elle propose également des programmes de formation, de réseautage et d’incubation afin de renforcer leurs capacités.
« Nous ne cherchons pas seulement à financer les PME, mais aussi à leur offrir les outils et connaissances nécessaires pour structurer leurs activités et assurer leur pérennité », a-t-elle précisé, illustrant la dimension inclusive de l’initiative.
Un avenir prometteur pour le commerce intra-africain
La conférence de la SAFEX a donné un aperçu limpide de la vision portée par Mansa Digital Initiative : faire de l’Afrique une puissance économique plus autonome, transparente et compétitive grâce à la digitalisation et à l’intégration de ses acteurs économiques.
Dans un monde où la confiance, la rapidité d’accès aux informations et la sécurisation des transactions sont des atouts majeurs, Mansa crée un cadre propice à un essor inédit du commerce intra-africain et des investissements.