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Marché boursier en Algérie : réticence des entreprises et manque de transparence

Par Maghreb Émergent
25 novembre 2024

Par touches successives, le gouvernement introduit dans ses institutions économiques des transformations qui, dans un environnement complètement assaini, délivreraient le monde des affaires de la bureaucratie et du clientélisme. L’ouverture du guichet unique de la Bourse d’Alger et la mise en ligne de sa plateforme digitale sont un indicateur intéressant sur cette mutation.

La digitalisation des procédures d’entrée en bourse reflète « la volonté et la stratégie de la COSOB pour s’adapter aux transformations numériques, et traduit les efforts déployés par la Commission pour s’améliorer et son engagement continu à fournir les meilleurs services à tous les opérateurs et acteurs clés du marché financier ».

Le marché financier doit en effet pouvoir jouer son rôle-clé dans le processus de diversification et d’amplification des investissements hors hydrocarbures. Lancée en 1997, la Bourse d’Alger ne compte à ce jour que seulement 5 entreprises, dont 3 appartenant à l’Etat ( plus de 70 entreprises à la Bourse de Tunis).

Sa mutation est donc essentielle à la réalisation de l’objectif de diversification. Essentiel et urgent étant donné les performances de l’économie nationale, le niveau d’endettement public et du PIB. Arrimer la production nationale aux marchés du commerce extérieur exige d’abord de mettre le marché financier à niveau.

Les prérequis

La plateforme numérique de la COSOB ne risque pas de voir les clics se multiplier si l’environnement des affaires ne satisfait pas à plusieurs préalables. L’instauration d’un marché financier autonome en est l’un d’eux.

Privé de leviers de soutien aux investissements, il est de plus la propriété quasi-exclusive de l’Etat. Celui-ci régule à sa convenance et transforme ses banques en caisse de résonance de ses politiques.
La non-convertible du dinar est une volonté de l’Etat. Il demeure ainsi unique propriétaire du stock de devises générées par la fiscalité pétrolière et seul propriétaire du marché interbancaire.

Difficile d’imaginer l’émergence d’autres acteurs sur et autour du marché boursier dans une telle configuration. Mais l’ouverture des guichets uniques de la COSOB (et auparavant de l’AAPI) laisse entrevoir de futures réformes du marché bancaire. Cette réforme devrait ouvrir la voie aux moyens de paiement électroniques et à la dédiabolisation des cryptomonnaies, interdite en vertu de la loi de finances de 2018.

L’introduction en bourse des entreprises suppose par ailleurs de mettre de l’ordre dans le marché et de contraindre les SPA à une régularisation de leur situation comptable et juridique.

Le contrat de confiance

« Les SPA doivent compter un minimum de 7 actionnaires et présenter 3 bilans positifs successifs pour entrer en bourse », rappelle un économiste. Dans l’opacité actuelle du marché, combien d’entre elles sont disposées à révéler la réalité de leur comptabilité et à répondre aux conditions d’admission au marché boursier ?

Celui-ci ne peut exister sans une information fiable sur les entreprises, leurs propriétaires, leurs financements, leurs bilans et tous leurs résultats. La plateforme digitale de la COSOB est censée être la réponse au souci de transparence.

Pour le moment, le marché pêche par manque d’information. Cela explique en partie la faiblesse, autant dire la quasi-inexistence de la place boursière d’Alger. Les entreprises publiques qui y sont côtées s’y retrouvent sur injonction de leur propriétaire. L’injonction est faite aussi aux autres grandes entreprises publiques d’acheter des parts.

La frilosité des petits porteurs renseigne aussi sur la crédibilité du marché d’Alger. Pour avoir investi dans des titres de l’Aurassi, l’un d’eux estime avoir davantage perdu que gagné. À son entrée en bourse en 1999, l’action de l’hôtel était cotée à 400 DZD. Trois ans plus tard, l’Aurassi faisait ressortir dans son bilan du premier trimestre 2022 moins de 100 DZD de progression sur la valeur du titre. Soit une progression de 7,6%, inférieure aux 9% d’inflation durant la même période.

Pour ce petit porteur, le calcul est encore plus simple : « je n’ai perçu aucun dividende depuis la période du Covid ». Pourquoi ne pas revendre alors ? « Je n’ai pas d’information sur les mécanismes de revente des titres », répond-il. Là encore, l’absence d’information rend la bourse infréquentable pour le commun des investisseurs.

Si la COSOB se conforme désormais à la forme en adoptant des procédures similaires à celles de ses consœurs de par le monde, il reste à lui permettre un fonctionnement tout aussi rigoureux de nature à attirer les entreprises autant que les petits porteurs.

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