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Marché des véhicules : une crise aux lourdes retombées

Par Djafar Ouigra
16 août 2025

Depuis plusieurs années, le marché automobile algérien traverse une crise profonde, marquée par une hausse spectaculaire des prix des véhicules, qu’ils soient neufs ou d’occasion. Malgré de nombreux engagements officiels et des annonces gouvernementales promettant des solutions rapides, la réalité sur le terrain reste inchangée : la majorité des Algériens est désormais exclue du rêve automobile, comme si la voiture redevenait un luxe d’autrefois.

Colère des citoyens et marché paralysé

Sur les forums, les réseaux sociaux ou dans les médias, la colère est palpable. Beaucoup dénoncent la raréfaction des véhicules accessibles et la spéculation galopante qui règne sur le marché. Les plaintes se multiplient également au sujet des retards de livraison, parfois de plusieurs mois, que les concessionnaires justifient par la crise d’importation persistante et la fragilité des chaînes logistiques depuis 2017.

L’arrivée de l’usine Fiat à Oran, censée répondre à la demande nationale, n’a pas suffi à calmer les esprits. Les prix des véhicules produits localement restent élevés et hors de portée pour le citoyen moyen. De leur côté, les importations demeurent très limitées : en 2025, elles ont même reculé de 19% selon l’Office national des statistiques (ONS).

À la suite de l’accident survenu hier, le ministre des Transports a annoncé la rénovation progressive de 84 000 bus et le retrait obligatoire, dans un délai encore flou, de tous les bus de plus de 30 ans.

Saturation et bureaucratie : des freins persistants

Les difficultés ont plusieurs causes : saturation des principaux ports, restrictions estivales sur les importations de véhicules (du 15 juin au 15 septembre) et lourdeurs administratives ralentissant la mise sur le marché. Résultat : le marché de l’occasion explose, les prix flambent et la qualité se dégrade.

Pièces détachées : une pénurie inquiétante

La crise touche aussi l’approvisionnement en pièces de rechange. Fin 2024, le stock national ne couvrait que 45% des besoins. Les importations en provenance de Chine ou d’Europe, grevées par des délais d’acheminement pouvant atteindre 45 jours, ne suffisent pas à combler le manque. « Les temps d’immobilisation s’allongent et la situation devient insoutenable », témoigne un marchand de pièces détachées de Tizi Ouzou.

Dans ce contexte, prolifèrent les pièces de contrefaçon et de récupération, utilisées faute d’alternatives. Un facteur qui accroît les risques d’accidents. Le drame survenu hier en est une illustration révélatrice, selon les experts du secteur qui dénoncent depuis longtemps une dégradation continue de la sécurité routière.

Parc roulant vétuste et production nationale insuffisante

La vétusté du parc automobile est criante : faute de renouvellement, de nombreux bus et fourgons en circulation dépassent les 30 ans d’âge, alors qu’ils devraient être retirés. Leur entretien devient presque impossible, aggravé par la pénurie de pièces et le manque de moyens financiers.

Depuis 2018, seule l’usine Mercedes de Tiaret tente de répondre à la demande en bus neufs, mais sa production reste insuffisante. L’industrie nationale n’arrive pas à satisfaire un marché en crise et les politiques publiques peinent à inverser la tendance.

Une crise structurelle profonde

Durcissement des règles d’importation, offre locale limitée, spéculation incontrôlable, pièces détachées insuffisantes, parc roulant usé… Tout concourt à une paralysie du marché automobile.

La flambée des prix et la raréfaction des véhicules ont transformé un besoin essentiel en un luxe inaccessible pour une large partie de la population. En dépit des promesses répétées, les Algériens continuent de subir les effets d’un marché bloqué et d’un parc roulant vieillissant qui met en péril leur sécurité au quotidien.

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