La récente offensive lancée par le ministère du Commerce intérieur contre les produits importés illégalement par des particuliers — communément appelés « produits de cabas » — commence à produire ses premiers effets économiques. L’un des premiers impacts visibles se manifeste sur le marché noir des devises, où l’euro recule face au dinar algérien.
Depuis jeudi 1er mai 2025, la valeur de l’euro ne cesse de baisser. Ce jour-là, le billet de 100 euros s’échangeait à 26 200 dinars algériens à la vente. Dès samedi, le taux a commencé à reculer, poursuivant sa baisse dimanche 4 mai, pour atteindre 26 000 DA ce lundi 5 mai. À l’achat, les cambistes proposent 25 800 DA, contre 26 000 DA quelques jours plus tôt.
Une traque des produits de cabas aux effets immédiats
La baisse du taux de change de l’euro coïncide avec les premières descentes des contrôleurs du ministère du Commerce dans divers points de vente informels. Supérettes, kiosques, salons de coiffure et autres petits commerces ont été inspectés dans le cadre de la lutte contre les produits introduits en dehors du circuit douanier. Ces marchandises proviennent essentiellement de France, d’Espagne et de Turquie, acheminées en dehors des voies commerciales officielles.
Ce tour de vis a provoqué un retrait de nombreux opérateurs du commerce de cabas, qui préfèrent suspendre leurs activités plutôt que de risquer la saisie de leurs biens ou une sanction administrative. Par conséquent, une baisse de la demande sur le marché noir.
Moins de cabas, moins de demande sur le marché noir
Selon un cambiste actif à Alger, la conséquence directe de cette répression, c’est la chute de la demande en devises étrangères, notamment l’euro. « Les importateurs par cabas sont des clients réguliers du marché noir des devises. Quand ils arrêtent d’acheter, la pression baisse immédiatement », explique-t-il.
Ces opérateurs utilisaient massivement le marché parallèle pour acquérir des euros, nécessaires à l’achat de produits à l’étranger. Leur retrait soudain, motivé par les risques accrus, entraîne une baisse de la demande, et donc une baisse du taux.
Vers une poursuite de la tendance baissière sur le marché noir ?
La situation reste instable, mais certains cambistes n’excluent pas une poursuite de la tendance baissière sur le marché noir. « Si la campagne du ministère se poursuit avec la même intensité, on peut s’attendre à ce que l’euro continue de reculer sur le marché noir », affirme notre source. La demande risque de rester faible tant que les importateurs par cabas préfèrent rester à l’écart.
Cependant, d’autres facteurs peuvent influencer l’évolution du taux, comme la demande touristique, les départs pour le Hadj ou encore les importations informelles dans d’autres secteurs. Mais pour l’instant, la baisse de la demande en euros sur le marché parallèle reflète clairement l’effet de la guerre déclarée aux produits de cabas.