Le marché noir des devises en Algérie a enregistré ce jeudi 26 juin un événement sans précédent : l’euro a atteint un seuil historique face au dinar algérien. Cette flambée suscite de vives inquiétudes et des analyses approfondies parmi les cambistes et les observateurs économiques. Le taux de change actuel de l’euro sur ce marché parallèle démontre une pression croissante sur la monnaie nationale.
Actuellement, 100 euros s’échangent entre 26 250 et 26 300 dinars algériens à la vente. Pour l’achat, les cambistes proposent des montants oscillant entre 26 050 et 26 150 dinars. Cette hausse est d’autant plus remarquable qu’elle s’est produite rapidement. En seulement 24 heures, l’euro a gagné 100 dinars. Sur une période de 72 heures, l’augmentation atteint même 300 dinars. La veille, le même montant en euros se vendait entre 26 150 et 26 200 dinars. Les montants à l’achat restaient alors stables, autour de 25 950 à 26 000 dinars.
Cette situation marque une première. C’est la première fois depuis la création de la monnaie unique européenne que le marché noir algérien des devises enregistre un taux aussi élevé. Cette progression fulgurante n’est pas le fruit du hasard. Plusieurs facteurs contribuent à cette forte demande sur le marché noir.
Les raisons de cette flambée
Un cambiste actif opérant dans la Vallée de la Soummam, dans la wilaya de Béjaïa, a identifié plusieurs raisons derrière cette flambée. Il cite en premier lieu la régularisation du commerce du cabas par les autorités publiques. L’annonce de la publication du décret relatif à l’organisation de cette activité met une pression significative sur la demande d’euros. Les cambistes agissent par anticipation. Ils achètent le maximum d’euros en prévision de la reprise du commerce du cabas.
À cela s’ajoute la fin de la guerre au Proche-Orient. La trêve annoncée redonne de l’espoir au marché. Cette accalmie perçue comme un signe de stabilité régionale influence également les comportements des acteurs du marché noir.
En outre, le retard dans l’application de l’allocation touristique de 750 euros par personne adulte et par an favorise la hausse de l’euro sur le marché noir. Cette mesure, très attendue, aurait pu soulager une partie de la demande officielle. Son report redirige les besoins vers le marché parallèle.
Enfin, l’approche du retour de l’importation des voitures neuves et de moins de trois ans via les ports d’Alger et d’Oran booste considérablement la demande pour l’euro. La date de ce retour est prévue pour le 15 septembre. Les importateurs et les particuliers anticipent déjà leurs besoins en devises.
Concernant l’évolution de l’euro au cours des prochains jours, notre contact prévoit de nouvelles flambées historiques. La tendance actuelle suggère une poursuite de cette ascension. Le marché noir des devises en Algérie reste donc un point de vigilance majeur pour l’économie nationale.