Ce lundi 21 juillet 2025 marque une nouvelle journée de déclin pour l’euro sur le marché noir en Algérie. Après plusieurs journées de baisse, la monnaie unique atteint désormais des niveaux faibles par rapport au dinar. Sur le marché parallèle, 100 euros s’échangent à 25 400 dinars. Cela représente une chute vertigineuse de près de 1000 dinars en seulement deux semaines. Les cambistes proposent l’euro à un prix similaire à l’achat, entre 25 200 et 25 250 dinars.
Les causes majeures de cette chute spectaculaire
Plusieurs experts du marché noir expliquent cet effondrement par deux facteurs principaux. Tout d’abord, la nouvelle allocation touristique officielle de 750 euros par an et par adulte inquiète. Les cambistes craignent une réduction de la demande d’euros, car les voyageurs peuvent désormais accéder aux devises via le canal officiel. En conséquence, beaucoup d’acteurs du marché noir suspendent leurs achats, ce qui aggrave la tendance baissière.
Ensuite, l’afflux massif de la diaspora algérienne durant l’été augmente considérablement l’offre d’euros sur le marché noir. Trop d’euros en circulation, sans augmentation correspondante de la demande, tire mécaniquement les cours vers le bas. Cette accumulation contribue à la forte dépréciation de l’euro face au dinar.
Un changement de tendance est attendu
Plusieurs facteurs structurels sont identifiés comme les principaux moteurs du futur rebond de l’euro sur le marché noir :
- Reprise de l’importation automobile par les particuliers : L’interdiction d’importer des voitures neuves et d’occasion via les ports d’Alger et Oran pour les particuliers, en vigueur du 15 juin au 15 septembre, touche à sa fin. Dès le 16 septembre, la reprise de cette activité entraînera une forte augmentation de la demande en euros. Les importateurs particuliers dépendent fortement du marché noir pour leurs approvisionnements en devises, les banques ne couvrant pas ces transactions au taux officiel.
- Le Retour de la diaspora : À mesure que la saison estivale touche à sa fin, les membres de la diaspora algérienne regagneront leurs pays de résidence. Ce départ réduira mécaniquement l’offre d’euros sur le marché parallèle, contribuant ainsi à une remontée des prix.
- Départ des étudiants algériens à l’étranger : Chaque année, entre 4 000 et 5 000 étudiants algériens partent à l’étranger, notamment en France, pour poursuivre leurs études. Ces départs, généralement concentrés autour de la rentrée universitaire, s’accompagnent de transferts de sommes importantes en euros, alimentant ainsi la demande sur le marché noir.
- Légalisation de l’importation via le statut « Cabas » : La légalisation de l’importation via le statut d’auto-importateur, communément appelé « cabas », est un facteur nouveau et significatif. De nombreux Algériens sont actuellement en train de constituer leurs dossiers pour obtenir les autorisations nécessaires. Les premières opérations d’importation sous ce nouveau régime pourraient débuter fin août ou début septembre. Ces futurs auto-importateurs devront également se procurer des devises sur le marché noir, les banques ne finançant pas ces importations et l’État ne fournissant pas de devises au taux officiel pour cette catégorie.
Ces facteurs combinés indiquent que la baisse actuelle de l’euro est probablement une parenthèse avant une nouvelle phase de hausse. Le marché noir des devises reste un baromètre sensible des dynamiques économiques et sociales en Algérie.