Après plusieurs jours de hausse continue, l’euro amorce un recul sur le marché noir des devises en Algérie. Ce dimanche 4 mai 2025, le billet de 100 euros s’échange à 26 000 dinars algériens (DA) à la vente, soit le prix proposé par les cambistes aux particuliers. À l’achat, les mêmes cambistes récupèrent le billet européen contre 25 800 DA.
Cette baisse marque une rupture avec la dynamique haussière observée depuis plusieurs séances. Pour rappel, la veille (samedi 3 mai), 100 euros s’échangeaient à 26 100 DA, et le mercredi 30 avril le taux de change avait atteint 26 200 DA, frôlant le record historique enregistré en décembre dernier.
Une baisse liée au commerce parallèle
Selon un acteur bien informé du marché parallèle des devises, cette baisse soudaine s’explique en grande partie par une mesure récente du ministère du Commerce intérieur, visant à éradiquer le commerce informel du « cabas ». Cette activité, bien connue des Algériens, consiste à transporter des marchandises de France et d’Espagne vers l’Algérie, que les transporteurs revendent ensuite en dinars. Les profits générés sont souvent échangés sur le marché noir contre des devises, principalement l’euro.
Or, la récente décision des autorités de renforcer le contrôle et de sévir contre cette activité a eu un effet immédiat : plusieurs transporteurs ont suspendu leurs opérations, dans l’attente de clarifications ou d’un assouplissement de la réglementation. Cette suspension d’activité a réduit, selon les observateurs, une part importante de la demande sur le marché noir.
Une demande affaiblie impacte directement le taux de change
« C’est une réaction logique », commente un habitué du circuit parallèle. « Quand une source majeure de demande se retire temporairement du marché, la pression sur l’euro diminue, ce qui entraîne une baisse du taux de change. »
La situation reste cependant volatile. Si d’autres segments de la demande — comme celle liée aux voyageurs, importateurs ou pèlerins — restent actifs, l’effet du ralentissement du commerce du cabas semble suffisant pour faire reculer l’euro, du moins temporairement.
Une tendance baissière durable ?
Reste à savoir si cette baisse marque le début d’un retournement durable de tendance ou s’il s’agit simplement d’une accalmie ponctuelle dans une dynamique toujours haussière. Le marché noir des devises en Algérie reste extrêmement sensible aux fluctuations de la demande informelle et aux décisions politiques ou administratives, même ponctuelles.
En attendant, l’euro reste à un niveau historiquement élevé, malgré ce léger recul. Les cambistes surveillent de près l’évolution des réglementations et des flux de devises informels pour ajuster leurs taux.