Bousculée par la chute des prix et les quotas OPEP+, l’Algérie a vécu un début d’année 2025 en demi-teinte sur le front pétrolier. Pourtant, le pays démontre une remarquable capacité de récupération, transformant les contraintes internationales en opportunité pour diversifier ses débouchés et préparer un rebond spectaculaire dès le printemps.
Les exportations algériennes de pétrole brut par voie maritime ont enregistré une baisse de 4,5% au premier trimestre 2025, passant de 757 000 à 723 000 barils par jour par rapport à la même période de 2024. Cette contraction s’explique par la participation active de l’Algérie aux réductions volontaires de production décidées dans le cadre de l’alliance OPEP+, avec un quota de réduction de près de 99 000 barils par jour depuis début 2024.
Cependant, cette situation reflète une stratégie coordonnée plutôt qu’une faiblesse structurelle. “L’Algérie reste l’un des plus grands producteurs africains, avec 12,2 milliards de barils de réserves prouvées, ce qui lui permet de conserver une place stratégique sur le marché mondial”, selon la plateforme Attaqa. Cette position solide constitue un socle pour rebondir dès que les conditions le permettent.
Une reprise rapide portée par la levée des quotas
La tendance s’est inversée dès avril 2025 avec la levée progressive des restrictions OPEP+. Les exportations de brut algérien ont alors bondi de 33% par rapport à mars, atteignant 492 000 barils par jour, leur plus haut niveau depuis octobre 2022. Cette reprise spectaculaire démontre la réactivité du secteur algérien face aux évolutions du marché international.
La diversification géographique des débouchés constitue un facteur déterminant de cette résilience. Si l’Europe, notamment l’Espagne et la France, demeure un client fidèle, l’Algérie a élargi sa clientèle vers l’Asie. La Corée du Sud est ainsi devenue son premier client, devançant la France, ce qui réduit la dépendance aux marchés traditionnels et ouvre de nouvelles perspectives commerciales.
Du côté de la production, les chiffres confirment cette dynamique positive. La moyenne s’est établie à 909 000 barils par jour au premier trimestre 2025, avec des prévisions de hausse progressive jusqu’à 934 000 barils par jour en décembre. Le gouvernement table sur une augmentation de 2,5% de la production primaire d’hydrocarbures sur l’ensemble de l’année, pour atteindre 206 millions de tonnes d’équivalent pétrole.
Des investissements stratégiques pour consolider l’avenir
Au-delà des performances à court terme, l’Algérie mise sur une stratégie industrielle ambitieuse. Le secteur du raffinage a enregistré une croissance de 5,5% en 2024, tandis que de nouveaux projets industriels sont en cours de développement. Cette transformation se concrétise déjà dans la structure des exportations. En effet, au premier trimestre 2025, les produits raffinés représentent désormais 52,2% des exportations pétrolières algériennes, contre seulement 33,8% pour le brut, selon les statistiques officielles. Cette évolution révèle une mutation du secteur vers une montée en gamme de la chaîne de valeur pétrolière, permettant d’accroître la valeur ajoutée locale et de réduire la vulnérabilité aux fluctuations des prix internationaux.
Cette stratégie à long terme se traduit par des perspectives encourageantes avec des recettes pétrolières attendues à 43,7 milliards de dollars en 2025, soutenant une croissance nationale prévue de 4,5%. Ces projections reflètent la capacité de l’Algérie à transformer ses ressources naturelles en levier de développement économique.
Toutefois, la dépendance structurelle aux hydrocarbures expose toujours le pays à la volatilité des marchés mondiaux. L’augmentation de la consommation intérieure et les fluctuations des prix internationaux constituent des risques à surveiller. Néanmoins, par rapport à d’autres producteurs régionaux, l’Algérie démontre une gestion prudente et une capacité d’adaptation qui lui permettent de maintenir sa stabilité dans un environnement incertain.