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Maghreb

Maroc: Dans le Rif, une fronde persistante qui se radicalise politiquement

Par Mohamed Boukhalfa
26 avril 2017
La fronde dans la Rif se poursuit et se radicalisme (Ph Facebook)

                              

 La tension reste toujours vive dans la région du Rif, dans le nord du Maroc, où le ton des manifestations contre ‘ »‘la hogra » et le  »Makhzen », sept mois après la mort dans d’atroces conditions d’un poissonnier se radicalise prenant parfois des contours  »indépendantistes ».

 

 

Une importante manifestation a été organisée ce mercredi à Midar, petite localité rurale entre Al Hoceima, capitale de la région et Nador, dans la province de Driouech, à l’appui de revendications sociales, économiques, mais également politiques.

 Le détonateur de cette poudrière sociale aura été la mort en automne dernier d’un grossiste en poissons, Mohcine Fikri, qui s’était jeté dans une benne à ordure pour éviter que sa marchandise ne soit détruite, sur ordre des autorités locales.

 

 

 

 Une mort atroce, qui a ravivé les ressentiments d’une population, qui manque de tout, et toujours marginalisée, depuis 1958, par les gouvernements qui se sont succédé depuis. Mercredi, la marche de protestation à Midar a pris les contours de revendications ‘’séparatistes et ethniques », selon le site marocain Medias24.

 Sur les réseaux sociaux, des appels au soulèvement et à l’indépendance du rif sont apparus. Le mouvement El Khattabi pour l’indépendance du rif s’interroge :  »question en profondeur : quand le rif sera indépendant, si ce n’est maintenant? »

 Un autre appel sur Facebook estime que  »l’indépendance du rif appelle à une sensibilisation », relevant notamment que  »les rifains ont une patrie, qui a été occupée, puis morcelée et distribuée ». Les idées indépendantistes sont clairement exprimées à travers les réseaux sociaux, qui ont consacré de larges passages au militant amazigh Nasser Zefzafi.

 

Une protesta qui dure

 

La poursuite des mouvements de protestation dans la région a obligé dimanche dernier le wali de région Mohamed Yacoubi a réunir élus locaux et parlementaires de la région pour trouver des solutions à la crise actuelle.

 Juste après la mort de Mohcine Firki en octobre dernier, l’ex-ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad et s’était déplacé en personne à Al Hoceima dans un geste d’apaisement des autorités marocaines, outre une intervention du roi pour que les auteurs de l’interpellation du poissonnier mort soient sévèrement sanctionnés.

 Ces mesures n’ont servi qu’à attiser davantage la colère des Rifains, qui ont réclamé de meilleures conditions de vie, la fin de la marginalisation, l’emploi et des réformes économiques urgentes.

La poursuite des mouvements de protestation a provoqué le limogeage du Gouverneur de la province Mohmed Zhar, de tous les responsables de l’administration locale, de la police et la Protection civile, et tous les pachas de la province.

 La mesure n’a pas calmé la colère des Rifains. La lenteur de la réaction des autorités marocaines face aux revendications des populations de la région, dont la mise en place de réformes sociales et économiques urgentes et la fin des arrestations de militants amazighs semblent avoir radicalisé le mouvement de protestation.

 Le mouvement durcit. Les manifestants exigent des autorités locales et provinciales la libération immédiate des militants arrêtés à Imzouen et Al Hoceima. Les mots d’ordres indépendantistes se sont fait entendre de plus en plus depuis la marche des ‘’linceuls’’ dimanche 9 avril à Al Hoceima, avec des drapeaux à l’emblème du Rif et amazighs brandis par des manifestants.

Du côté des autorités provinciales, on tente cependant de calmer la situation, et de se concentrer sur les revendications sociales et économiques. Mais, l’intervention musclée et la répression des forces de sécurité contre les manifestants depuis octobre dernier, avaient durci le mouvement et décrédibilisé la volonté des autorités locales de mettre pacifiquement un terme à cette  »protesta » des populations rifaines.

 

Le Rif, une région marginalisée

 

La région d’Al Hoceima, l’une des plus pauvres et les plus marginalisées du Maroc, pâtit d’un sous-développement chronique du fait du peu de programmes de réalisation d’infrastructures socio-éducatives depuis 1958, date de la révolution rifaine contre la monarchie. Cela a conduit, selon des politiciens et historiens marocains, à une sanglante répression de la population locale, et la marginalisation de la région, qui dure jusqu’à aujourd’hui.

 

A Al Hoceima, les rifains ont surtout manifesté pour recouvrer leur ‘’dignité, la justice sociale pour tous, la fin de l’état de siège et l’exclusion ainsi que la Hogra’’. Hormis la pêche et la culture du Cannabis, la région ne dispose d’aucune infrastructure industrielle. Le séisme du 24 février 2004, qui avait durement touché la région, avait montré l’extrême dénuement dans lequel vivaient les populations rurales du nord du Maroc.

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