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Maghreb

Maroc-Des ONG réclament la vérité sur l’affaire Benbarka, 49 années après son enlèvement à Paris

Par Yazid Ferhat
28 octobre 2014
Mehdi Benbarka leader et opposant de la gauche marocaine disparu le 29 octobre 1965 à Paris

49 ans après l’enlèvement du leader de la gauche marocaine Mehdi Benbarka devant la brasserie Lip à Paris, le mystère reste entier sur le plus célèbre kidnapping politique de ces 50 dernières années. A Paris, les amis de la famille Benbarka et des ONG françaises et marocaines se préparent à commémorer la disparition de Benbarka.

 

 »Les raisons et les complicités d’états continuent de protéger les assassins,  »Les gouvernements français et marocain doivent aider l’action de la justice pour la vérité ». C’est sous ces deux slogans que plusieurs ONG et associations de défense des droits de l’homme en France vont commémorer, mercredi à 18 heures Paris, devant la Brasserie Lip au Boulevard Saint-Germain, le 49eme anniversaire de l’enlèvement du leader et opposant de la gauche marocaine Mehdi Benbarka. Pour l’ASDHOM, l’AMF (association des marocains en France), l’ATMF (association des travailleurs maghrébins en France), ou l’AMDH-Paris, et plusieurs autres ONG, il s’agit aujourd’hui plus que jamais de faire la lumière sur cette affaire, et entendent réclamer toute la vérité sur la disparition de Mehdi Benbarka. Mais, pour sa famille, l’essentiel est que jusqu’à aujourd’hui, aucun élément de vérité palpable n’a été donné pour expliquer, sinon éclaircir les nombreux coins d’ombre d’un enlèvement politique surmédiatisé, et même porté à l’écran (L’attentat). Histoire de barbouzes français et marocains, aidés par des voyous fichés par la DST, l’enlèvement de Mehdi Benbarka est, pour le moment, imputé au palais royal, et à Hassan II. L’actuel patron de la gendarmerie royale, le général Hosni Benslimane, à l’époque capitaine, serait l’un des rares protagonistes, de ce dossier, encore en vie. Un premier procès de l’affaire Benbarka s’est achevé par un arrêt de la cour d’assises de la Seine le 5 juin 1967, et n’a pu faire la lumière, ni sur les circonstances de l’enlèvement, ni sur ses suites tragiques. Pour autant, l’instruction de l’affaire reste 49 ans après les faits toujours en cours, après la plainte contre ‘’X’’ déposée à Paris le 21 octobre 1975 par Bachir, le fils aîné de Benbarka. Au Maroc, le dossier ‘’n’existe pas’’, les autorités locales ayant refusé à plusieurs reprises en 2004 et 2010 de collaborer avec le juge français, Patrick Ramäel, chargé du dossier. Malgré la mise en place d’une instance chargée d’enquêter et de rétablir la vérité sur les années de plomb, l’instance Equité et Réconciliation (IER),  rien n’a été fait sur l’affaire Benbarka, qui aurait été ramené lors de son enlèvement le 29 octobre 1965 de Paris à Rabat, dans un camp réservé par les services de sécurité marocains aux opposants politiques. Ce camp était situé sur les hauteurs de Rabat, près de l’ex-palais de Challah, et Benbarka y aurait été assassiné puis jeté dans un fût rempli d’acide, selon des témoignages de militants, mais non encore authentifiés après les auditions organisées par l’IER pour faire oublier les années de plomb au Maroc (1958-2004).

Dossier pendant

Si à Paris l’instruction est toujours ouverte, au Maroc, le dossier ne l’a jamais été, en dépit des avancées en matière de respect des droits de l’homme, des disparitions politiques forcées et de la torture systématique dans les geôles des services de sécurité marocain.  »La justice marocaine ne s’en est pas saisie, malgré une récente tentative faite par l’USFP’’, le parti de l’ex-leader socialiste Mehdi Benbarka, s’interrogeait la presse marocaine.  Pour autant, si officiellement au Maroc l’affaire ‘’n’existe pas, 49 ans après’’, même au milieu d’une monumentale littérature sur l’un des plus tristement célèbres assassinat politiques du siècle dernier, les ONG locales des droits de l’homme estiment que le moment est venu pour qu’éclate enfin la vérité et que les responsabilités (marocaines) soient mises en évidence. Plusieurs ONG marocaines des droits de l’homme avaient appelé, à la suite de la levée du secret défense et la déclassification du dossier en 2005 par Michèle Alliot Marie, ex-ministre français de la défense, les autorités marocaines à ‘’participer à faire toute la vérité sur l’affaire Mehdi Benbarka’’ et à ‘’lever le secret sur les documents et archives’’ concernant cette affaire.  Peine perdue. ‘’Français et marocains ont participé à cette opération (d’enlèvement), mais j’insiste sur le fait que la vérité est à Rabat’’, estime Maurice M.Buthin, avocat de la famille Benbarka, pour qui ‘’plusieurs personnalités marocaines encore en poste connaissent bien ce dossier ».

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