Privé depuis dix ans de sa raffinerie de Mohammedia, le Maroc continue de s’en remettre presque entièrement aux importations pour alimenter son économie. Selon les données compilées par la Energy Research Unit à Washington, le royaume a importé, entre janvier et septembre 2025, en moyenne 250 000 barils par jour de produits pétroliers, soit une hausse de 5 % sur un an.
Cette progression, qui peut sembler marginale, reflète une tendance de fond : la consommation énergétique nationale ne cesse d’augmenter, tandis que les capacités locales de transformation demeurent inexistantes depuis la fermeture de la raffinerie Samir en 2015. Le pays s’approvisionne désormais sur les marchés internationaux, achetant directement des produits raffinés plutôt que du brut, ce qui renchérit la facture énergétique.
Un marché sans filet industriel
Au fil des trimestres, la cadence des importations s’est maintenue à un niveau élevé : 246 000 barils par jour au premier trimestre, 249 000 au second, puis 254 000 au troisième. Les pics enregistrés en février -près de 290 000 barils par jour- traduisent la forte demande en diesel et en fioul, essentiels au transport routier et à la production d’électricité.
L’absence d’outil de raffinage prive le pays d’une marge de manœuvre industrielle. La fermeture de Samir, placée en liquidation judiciaire, a transformé en profondeur le modèle énergétique marocain : Rabat dépend désormais presque totalement des cargaisons arrivant par mer, depuis les terminaux d’Algésiras, de Djeddah ou de Rotterdam.
Un approvisionnement à géométrie variable
L’Espagne demeure le premier fournisseur du Maroc, avec une moyenne de 44 000 barils par jour sur les neuf premiers mois de l’année, devant la Russie (39 000), l’Arabie saoudite (36 000), les États-Unis (25 000) et l’Italie (22 000). Ces cinq pays concentrent à eux seuls plus des deux tiers des volumes importés.
La part croissante du pétrole russe illustre la recomposition du marché depuis la guerre en Ukraine. Profitant des rabais consentis par Moscou, le Maroc a multiplié les achats de gasoil russe, tout en maintenant ses flux traditionnels en provenance d’Europe.