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Maghreb

Maroc- L’Istiqlal en crise, des partis proches du Palais réclament son éviction du futur gouvernement

Par Yazid Ferhat 31 décembre 2016
Hamid Chabat, le SG de l'Istiqlal a provoqué un séisme politique dans le royaume en attentant à la souveraineté de la Mauritanie

Le plus vieux parti nationaliste marocain, l’Istiqlal, est en pleine crise. Son Secrétaire général, le sulfureux maire de Fès,’ Hamid Chabat, a provoqué un séisme politique dans le royaume en attentant à la souveraineté de la Mauritanie, et provoqué une crise diplomatique entre Rabat et Nouakchott. Mais, il aura surtout réussi la prouesse d’évincer son parti de la future majorité gouvernementale.

 

Le chef de gouvernement désigné Abdelilah Benkirane, qui a du mal à composer sa majorité du fait du refus de plusieurs partis de  »cohabiter » avec l’Istiqlal drivé par Chabat au sein d’une coalition gouvernementale, est allé mercredi présenter les  »plates excuses » du Maroc au président Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz. Cette fois-ci, après l’autre incartade de Chabat contre l’Algérie au mois de février de 2016, la dérive est de trop. Suffisante pour mettre dans l’embarras le chef de gouvernement pour composer sa majorité.  Jeudi 29 décembre dans la villa  »gouvernementale » de Benkirane au quartier des  »Orangers » à Rabat, tout près de la vieille médina, le leader du Rassemblement national des indépendants (RNI) Aziz Akhannouch a signifié au chef de gouvernement, appuyé par le chef du Mouvement Populaire (MP) Ahmed Laenser qui l’accompagnait, qu’il ne pouvait rejoindre la majorité avec la présence de l’Istiqlal. En clair, le RNI conditionne son  »accord » à son intégration à la majorité gouvernementale par l’éviction de l’Istiqlal. Au sortir jeudi soir de la rencontre avec Benkirane, Akhannouch avait notamment relevé que  »vous avez suivi les déclarations non respectueuses à l’égard des pays voisins (…) si l’on doit s’associer à ces gens, ce serait dérangeant. »

 

Terminus politique pour Chabat ?

 

Il a également ajouté qu’il a, avec Laenser, tenté de convaincre Benkirane de l’impossibilité de constituer un gouvernement homogène avec la présence de Hamid Chabat, surtout après ses dernières déclarations. Les déclarations de Chabat contre la Mauritanie ont définitivement mis un terme à sa carrière politique. Déjà, les figures historiques du parti demandent son départ, et une pétition signée par 40 personnalités de l’Istiqlal, dont M’hamed Boucetta et Abbas el Fassi, demande le départ de Chabat. Ces leaders de l’Istiqlal estiment que Hamid Chabat « n’est plus capable de poursuivre sa responsabilité en tant que secrétaire général du parti ». Pour ces deux anciens secrétaires généraux de l’Istiqlal,  ainsi qu’une quarantaine de dirigeants du parti,   »les déclarations irresponsables de chabat sur la Mauritannie ont un caractère personnel, n’engagent nullement le parti et n’ont aucune relation avec ses orientations et ses principes. »

 

L’Istiqlal ne fera pas partie du prochain gouvernement

 

Dans l’immédiat, et avant qu’il ne soit  »poussé » à la porte de sortie du parti, Chabat a facilité la tâche à Benkirane de ne plus le considérer comme composante du futur gouvernement. Selon le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, proche de Benkirane, les récentes déclarations du SG de l’Istiqlal sur la Mauritanie ont rendu  »très difficile, voire impossible, la participation du parti au prochain gouvernement. » Après avoir rencontré le chef de gouvernement jeudi soir, Benabdallah a souligné que le contexte des tractations pour la formation du gouvernement a changé. « Nous étions dans une situation déterminée depuis des semaines et aujourd’hui nous sommes dans une autre situation » après les déclarations de Chabat sur la Mauritanie.  « Eu égard aux propos de Chabat sur la Mauritanie, la présence de l’Istiqlal dans le prochain gouvernement pourrait prêter à des spéculations et interprétations », explique encore le leader du PPS, un des rares alliés du chef de gouvernement. Le dilemme entre la raison d’Etat et le respect de sa promesse faite à Chabat d’intégrer l’Istiqlal dans le prochain gouvernement est vite résolu: Benkirane va trancher pour la raison d’Etat. Il ne peut se désavouer pour un  »suicidé politique ».

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