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Matières premières : la Banque mondiale anticipe une quatrième année de baisse

Par Mohammed Iouanoughene
4 novembre 2025

Les cours mondiaux des matières premières s’enfoncent dans leur quatrième année de repli. Selon le dernier rapport du Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale, publié fin octobre, le mouvement baissier devrait toucher tous les segments : Pétrole, métaux ou denrées agricoles, dans un contexte de croissance mondiale morose et d’incertitude géopolitique persistante.

 Les prix moyens devraient reculer d’environ 7 % en 2025, puis de nouveau de 7 % l’année suivante. En dépit de cette chute, le niveau des cours reste supérieur à celui d’avant la pandémie – l’indice général des matières premières demeurant 14 % au-dessus de celui de 2019.

L’énergie en première ligne

Le pétrole illustre le déséquilibre entre une offre surabondante et une demande qui s’essouffle. En 2025, la production mondiale a bondi, notamment chez les pays de l’OPEP+ et les producteurs non conventionnels. La Banque mondiale prévoit un baril de Brent en moyenne à 60 dollars en 2026, contre 68 dollars cette année, son plus bas niveau depuis cinq ans. L’expansion du parc de véhicules électriques et la stagnation de la demande chinoise accélèrent ce repli.

Pour l’ensemble des produits énergétiques -pétrole, gaz, charbon-, l’institution prévoit une baisse des prix de 12 % en 2025, suivie d’une nouvelle chute de 10 % en 2026. Une aubaine temporaire pour les économies dépendantes de l’importation d’énergie, mais un signal d’inquiétude pour les producteurs.

Un répit pour les denrées alimentaires

Côté agriculture, l’assouplissement se confirme. Les prix du riz et du blé reculent, rendant ces produits plus abordables pour de nombreux pays en développement. Les cours du soja s’effritent après une récolte mondiale record. Le café et le cacao devraient eux aussi fléchir en 2026, portés par une hausse de l’offre. Seuls les engrais rompent la tendance : leur prix bondit de 21 % cette année avant de refluer légèrement en 2026, alimentant les craintes sur la rentabilité des exploitations agricoles et les rendements futurs.

L’or et l’argent, valeurs refuge

Les prix des métaux dans leur ensemble devraient baisser d’environ 10% en 2025 et de 3% en 2026, dans un contexte de croissance économique mondiale atone et d’offre excédentaire sur les marchés.

Parmi les métaux qui traverse une période de repli,  Le cuivre, qui est un métal-clé pour l’industrie et les infrastructures, devrait reculer de 10% en 2025 et de 2% en 2026 en moyenne, même si certains analystes comme Citigroup restent optimistes à moyen terme, prévoyant des hausses possibles (jusqu’à 12 000 $/tonne dans les 6-12 prochains mois).

L’aluminium a montré des fluctuations modestes, avec un prix moyen autour de 2449 dollars la tonne début 2025, en légère hausse par rapport à 2024. Après une baisse au début de 2025, il est attendu à environ 2889 dollars la tonne à la fin de 2025, avec des perspectives de stabilité ou légère hausse en 2026.

Le plomb et le zinc ont connu des baisses en 2025, avec le plomb autour de 1945 dollars la tonne (contre 2069 en 2024) et le zinc chutant également. L’étain est une des rares exceptions avec une légère hausse (+7% début 2025) liée à des tensions sur l’offre, et un prix moyen attendu autour de 31 000 dollars la tonne en 2025.

Portée par les incertitudes économiques, la ruée vers les valeurs refuges se poursuit : l’or devrait grimper de 42 % en 2025, avant de progresser encore de 5 % l’an prochain. L’argent suit la même trajectoire, avec une hausse de 34 % cette année et de 8 % en 2026. Les achats massifs des banques centrales expliquent en partie cette envolée, doublée par la faiblesse durable du dollar.

Tandis que le prix du minerai de fer a montré une légère reprise en 2025, avec un cours autour de 105,8 dollars la tonne fin octobre 2025, soit une hausse de 3,26% sur un an. Cette progression récente est soutenue par une demande accrue des sidérurgistes, notamment en Chine, malgré des inquiétudes sur le secteur immobilier et les tensions commerciales. Les prix sont attendus relativement stables avec une légère hausse à environ 110,3 dollars la tonne dans les 12 prochains mois à venir.

Une économie mondiale à la croisée des chemins

La Banque mondiale avertit : si la conjoncture mondiale reste atone et que les tensions géopolitiques perdurent, la chute des prix pourrait être encore plus brutale. À l’inverse, une escalade des conflits ou de nouvelles sanctions sur le marché pétrolier pourraient relancer artificiellement les cours. D’autres facteurs jouent déjà sur l’équilibre mondial : les effets du phénomène La Niña sur la production agricole, ou encore la consommation énergétique croissante liée à l’intelligence artificielle, qui dope la demande de cuivre et d’aluminium.

Le rapport analyse les accords internationaux sur les produits de base dans le contexte actuel de marchés volatils. Il en ressort que peu d’accords ont débouché sur des résultats durables. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), peine à maintenir son influence sur le marché mondial, en particulier lorsque les prix sont élevés et qu’ils encouragent une concurrence accrue de la part de producteurs non-OPEP.

Plutôt que de recourir à des systèmes de contrôle des prix, le rapport recommande aux pays de privilégier une production plus diversifiée et plus efficace, d’investir dans la technologie et l’innovation, d’améliorer la transparence des données et de promouvoir une fixation des prix par le marché afin de renforcer leur résilience à long terme face à la volatilité des cours.

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