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Hydrocarbures

Mauvaises nouvelles du front pétrolier pour l’Algérie : le prix du baril va encore baisser

Par Yazid Ferhat
11 juillet 2015
Pour la plupart des experts nationaux, les réponses passent aujourd’hui par la remise en cause du modèle rentier

Certains responsables algériens espéraient une reprise « à terme » des cours sur le marché pétrolier, ils devront déchanter. Le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) publié vendredi leur indique que ces espoirs sont infondés.

 

Le message du marché est net : le mouvement à la baisse des prix du pétrole, qui a déjà entraîné une baisse sensible des recettes et creusé le déficit budgétaire en Algérie, est loin d’être terminé. Entre une offre « surabondante » et une croissance de la demande mondiale de 1,2 million de Bpj en 2016 contre 1,4 en 2015, le prix du pétrole va encore reculer, prédit l’AIE.

« Après un bond de 2,4 mbj en 2014, la croissance de la production de pétrole non-Opep devrait ralentir à 1 mbj en 2015 avant de se gripper en 2016, sous l’effet de la baisse des prix du pétrole et des réductions de coûts », souligne-t-elle, dans son rapport mensuel sur le pétrole.

La croissance de la production des pays de l’Opep qui a atteint son plus haut niveau en trois ans avec 31,7 millions bpj va reculer l’an prochain prévoit l’agence en raison de la baisse des prix du baril. Pour rappel, les prix du baril ont chuté de 45% en 2015 par rapport à 2014.

Le « point bas » est encore à venir

« Il se peut que le point bas du marché soit encore à venir » indiqué l’agence dans son rapport mensuel. « Le mouvement de rééquilibrage, qui a commencé lorsque les marchés ont lancé une première phase de baisse des cours de 60% il y a un an, n’est pas fini. De récentes évolutions laissent penser que le processus se prolongera largement en 2016. »

La décision de l’Opep de ne pas réduire sa production a eu un impact sur les prix. Mais le recul des prix autour de 50-60 dollars contre 115 dollars n’a pas altéré fortement la production américaine de pétrole de schiste. L’ajustement attendu par le ministre du pétrole saoudien qui a fait le choix de défendre les parts de marché au lieu du prix prend du temps.

L’offre de pétrole des Etats-Unis a augmenté d’un million de bpj au cours des cinq premiers mois de 2015, en baisse par rapport aux 1,8 million de bpj de 2014. Un recul « lent » de la production américaine qui fait dire à l’AIE si la « réponse de l’offre à la baisse des cours » a commencé, son calendrier s’est « modifié ». L’offre américaine pourrait cependant se rétracter de manière plus conséquente à la suite d’une nouvelle baisse des cours.

Aggravation du déficit

Avec un prix du pétrole encore plus bas qu’actuellement, le déficit budgétaire de l’Algérie risque de s’aggraver, le gouvernement ayant décidé de globalement de maintenir sa politique économique et sociale.

Selon les chiffres de la Direction des prévisions et des politiques attachée au ministère des Finances, la fiscalité pétrolière a baissé de plus de 36% entre avril 2014 et avril 2015.

Elle s’est établie à 800 milliards de dinars contre 1241 milliards DA une année plus tôt. Durant la même période, le déficit budgétaire a augmenté de 55% passant de près de 467 milliards DA en avril 2014 à plus de 722 milliards.

Durant cette même période, le Fonds de régulation des recettes (FRR) n’a pas reçu d’excédent et n’a donc pas été alimenté. Certains prédisent qu’il pourrait être épuisé au milieu de l’année 2017.

« L’Algérie voit son évaluation A4 assortie d’une surveillance négative : la baisse du cours du pétrole a un impact négatif sur les comptes publics et le compte courant du pays. Si les prix ne repartent pas à la hausse, son activité devrait demeurer atone” a indiqué le 19 juin dernier dernier la Compagnie française d’assurance-crédit à l’exportation (Coface).

Le groupe Nabni qui a présenté un plan d’urgence intitulé « ABDA », je commence a souligné que les réformes ne peuvent plus être retardées et que l’ajustement à venir pourrait être encore plus couteux.

« On aurait pu réformer au cours des dernières années sans sueur, maintenant il en faut. Il faut le faire vite si l’on veut éviter dans les prochaines années des mesures drastiques qui se feront dans les « larmes et le sang », a averti Abdelkrim Boudraa, porte-parole de Nabni.

Article initialement publié dans le Huffington Post Algérie 

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