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Maghreb

Messaoud Belambri (SNAPO): »Des médicaments ne sont plus produits localement à cause du coût élevé de leur production »

Par Yazid Ferhat
18 février 2018
Messaoud Belambri, président du SNAPO.

Pénurie dans certains antibiotiques et anti-inflammatoires, décalage entre la signature et le lancement du programme d’importation, incapacité de certains producteurs pharmaceutique d’assurer la production de certains médicaments à cause des coûts élevés de leur production, ce sont les point abordés dans cette interview accordée à Maghreb Emergent par Messaoud Belambri, Président national du syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO).

 

Plusieurs pénuries de médicaments ont été signalées au niveau des pharmacies, les malades ont livrés à eux-mêmes, alors que les responsables du secteur ont déclaré que ces médicaments sont produits localement. Comment expliquez vous cette situation ?

Par rapport à l’importation, il y a une liste de 358 DCI (dénomination commune internationale) interdites à l’importation et qui correspond à 1596 marques sur 2029 produits fabriqué localement. Il y a deux cas de figures qui expliquent ces pénuries : d’abord, il y a des médicaments qui sont abandonnés à la production à cause de leur facture de fabrication élevée. D’ailleurs dans ce cas, il faut relever que certains producteurs ont demandé la révision des prix de certains produits et leur demande a été rejetée. Ensuite, il y a certains produits que l’Algérie importait auparavant. Actuellement, ces produits sont sous contrôle de firmes israéliennes, avec qui l’Algérie ne coopère pas, à l’image du Colpotrophine (pommade et ovule), Vogalène (comprimés et sirop), Lutenyl et d’autres dont les laboratoires ont été rachetés par des firmes israéliennes. Pour le cas de Lutenyl, il y a un laboratoire national qui va lancer sa production prochainement.

 

Plus précisément, quel genre de médicament que les patients trouvent difficilement dans les pharmacies ?

Actuellement, il y a des antibiotiques injectables qui ne sont pas disponibles en quantités suffisantes. On a souligné à maintes reprises que la limitation des quotas cause un problème. D’ailleurs, si on prend l’exemple de certains antibiotiques, à l’image de la pénicilline, la Gentamicine et l’amoxicilline, ils ne sont produits localement que par trois producteurs et en quantité insuffisante. Il y a aussi les anti-inflammatoires injectables, comme piroxicam, produits en Algérie et pas en quantité suffisantes, comme c’est le cas aussi pour d’autres médicaments importés : la vitamine B3, la Vontoline aérosol qui est tombé en rupture depuis 15 jours.

 

Est-ce que les responsables du secteur, notamment la Direction générale de la pharmacie,  sont au courant de ces ruptures dans le marché ?

L’année 2017 a connu beaucoup de perturbations, surtout des retards de livraisons. Maintenant en 2018, nous sommes en phase transitoire entre la fin du programme 2017 et le début du programme 2018. Au niveau du ministère, la signature des contrats pour le programme 2918 a commencé depuis Novembre 2017.

Ce sont des programmes qui s’étalent sur toute l’année. Entre la période de la signature du programme et l’entrée des médicaments sur le marché national, il y a plusieurs étapes qui prennent beaucoup de temps, à savoir, la phase de la commande, le transport, le dédouanement, le contrôle, la validation, la délibération, ce qui prend au moins une durée de trois mois pour que le médicament arrive chez le pharmacien. Donc, la période de perturbation est entre décembre et mars. Il faut aussi préciser que cela ne concerne pas tous les produits, mais seulement ceux qui sont limités en quantités à l’importation.

 

Comment expliquer la pénurie des médicaments antidouleur des cancéreux ?

 Il faut savoir que les maladies du cancer sont prises en charge à 95% par l’Etat dans les centres d’oncologie publics. Par contre, il y a une petite gamme de produits qui soulagent les douleurs qui sont disponibles en officines, alors que d’autres sont censés être disponibles et accessibles aux patients.

On a déjà demandé aux autorités de veiller à ce que certains de ces médicaments soient disponibles en pharmacies pour permettre aux gens qui souffrent de cette maladie de se soigner en ambulatoire. Cela se faisait déjà dans le passé, mais aussi cela se fait dans tous les pays du monde. Ce sont des produits qui ne coûteront pas beaucoup à l’Etat parce que c’est le même budget.

L’avantage de sa distribution au niveau des pharmacies, c’est que les patients ne seront pas obligés de parcourir des grandes distances pour avoir leurs médicaments.

 

Qu’en est-il de la formation en industrie pharmaceutique en Algérie ?

C’est dommage qu’un pays comme l’Algérie où on encourage l’industrie pharmaceutique et les spécialités de cette industrie n’existent pas, alors que le pays a 80 unités de fabrication de médicaments et encore 150 unités de production sont en projets.

Avec cet objectif d’exporter les médicaments produits localement vers l’étranger, il faut absolument ouvrir la spécialité de l’industrie pharmaceutique dans nos universités. C’est une urgence et une nécessité.

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