Mine de plomb-zinc d’Oued Amizour : le projet de toutes les contraintes | Maghreb Émergent

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Mine de plomb-zinc d’Oued Amizour : le projet de toutes les contraintes

Par Maghreb Émergent
9 août 2023

En juillet dernier, le ministère de l’Energie et des Mines avait annoncé la finalisation des études de faisabilité et les procédures administratives relatives à l’exploitation minière du gisement de zinc et de plomb à Oued Amizour à Béjaia. Les pouvoirs publics semblent se précipiter à l’exploitation de cette mine, alors que plusieurs contraintes, en rapport à sa rentabilité et ses effets néfastes sur l’environnement, font toujours débat.

En effet, dans un rapport publié par l’Agence nationale des activités minières en 2013, le total des ressources de la mine d’Oued Amizour s’élevait à 68 millions de tonne, avec un taux de 1,1 % de Plomb et de 4,6 % de Zinc. Dans les 30 millions de tonne de minerais exploitables rapidement, il n’y a que 5,41 millions de tonne de Zinc et 1,39 millions de tonne de Plomb. Si sur le marché mondial le Plomb est très demandé, le Zinc par contre, connait une dégringolade depuis quelques années. Outre son abondance sur terre et la rude concurrence mondiale qui le caractérise, il y a bien d’autres raisons animant la chute du Zinc.

Ce point, représente l’une des raisons du retard dans l’entame du projet, car les australiens avaient compris que le Zinc n’allait pas leur rapporter grand-chose, c’est pourquoi Terramin avait du mal à lever des fonds. Comme le démontre le rapport de MMG de 2017 actualisé en février 2020 « BMO Global Metals and Mining Conference », le Zinc n’est pratiquement plus rentable voire à taux négatif dans la conjoncture actuelle où les courbes des coûts d’exploitation s’entrecroisent avec celles de la vente.

Pour ce qui est du plomb, à l’instar de tous les métaux pratiquement, il serait davantage rentable lorsqu’il est vendu traité ou raffiné. Mais comme l’Algérie ne possède pas de fonderies ni de structures de transformations métallurgiques, il sera vendu brut donc moins cher.

Par ailleurs, il est constaté que le coût global dans ce type de mine est en moyenne autour de 35% du prix final au moins pour les 10 premières années, couvrant les coûts d’exploitation, l’amortissements des infrastructures, des équipements, la logistique et autres consommations intermédiaires. Si on prend l’exemple du Plomb qui est plus demandé que le Zinc, sur un Kg brut au prix moyen du marché à 1,84 $ vous n’aurez que 1.20 $ net vendeur. Cette estimation -évidement approximative car rien n’est figé dans les évaluations économiques- nous emmène à un profit annuel de 76 millions $ pour l’exportation du Plomb à partager avec les Australiens, soit environ 27 millions $ pour l’Algérie.

Un impact sur l’environnement

Autre élément qui rend l’exploitation de cette mine plus complexe, l’aspect environnemental du projet. Il est fondamental de comprendre que dans l’exploitation des mines, notamment dans les pays à faible industrialisation, la majorité écrasante de la matière extraite est un rejet généralement à haute teneur d’acides.

Dans le cas de la mine d’Oud Amizour, il n’y a que 7% de métaux à exploiter entre Zinc, Plomb, Cuivre et Fer, soit 93% sera une déchèterie toxique. Ces rejets transiteront sans doute, la plupart des cas, par le sol, l’eau et l’air. C’est-à-dire très difficiles à évincer sans dispositifs rigoureux de traitement.

C’est d’ailleurs ce que le groupe canadien Breakwater Resources avait exigé en 2001, en essayant de renégocier les charges d’exploitation, en l’occurrence la veille environnementale, ce qui a causé une mésentente avec les autorités algériennes et un abandon de la société nord-américaine. On comprend par-là que le pouvoir renonce aux investissements lourds sur les mesures sanitaires.

En effet, il s’agit d’infrastructures très coûteuses (digues de retenue, usine de traitement des eaux, recouvrements, etc.) pour faire face aux différents types de rejets et résidus (concentrateurs, stériles, boues de traitement, etc.). C’est ce que rapporte une étude réalisée par deux jeunes ingénieurs de l’université de Bejaïa, sur la mine d’Amizour.

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