Nabil Mellah, cofondateur du laboratoire Merinal et figure respectée de l’industrie pharmaceutique algérienne, a été libéré aujourd’hui en début d’après-midi, après avoir purgé quatre années de détention à la prison d’El Harrach. À sa sortie, il a été accueilli par sa famille et de nombreux proches, venus tourner la page d’une épreuve qui, pour beaucoup, n’aurait jamais dû avoir lieu.
Accusé d’« infraction à la législation des changes » et de « blanchiment d’argent », Nabil Mellah a été considéré dès le départ par une partie de l’opinion publique et par des défenseurs des droits de l’homme comme un détenu d’opinion. Ces accusations, perçues comme infondées , ont suscité une indignation persistante, d’autant que l’expertise judiciaire l’avait clairement disculpé. Pourtant, malgré ces éléments, la justice a maintenu une peine de quatre ans de prison ferme, confirmée en appel et en cassation. Sesmultiples demandes de libération conditionnelle pour laquelle il remplissait tous les critères ont été refusées
À la tête de l’Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP), Mellah s’est distingué par sa contribution décisive au développement de l’industrie pharmaceutique locale, assurant plus de 60 % de la couverture du marché national et renforçant la capacité du pays à exporter. Durant la crise sanitaire du Covid-19, il s’était aussi mobilisé dans des actions de solidarité d’envergure, notamment par des dons de matériel médical.
Son soutien à la presse indépendante notamment comme actionnaire dans Radio M, et son implication dans le mouvement citoyen du Hirak ont nourrit la perception d’un procès à dimension politique. Une campagne de soutien active sur les réseaux sociaux n’aura pourtant pas suffi à inverser le cours de la justice.
La libération de Nabil Mellah au terme de sa condamnation ne clôt pas seulement une peine, elle laisse aussi en suspens de nombreuses questions sur l’indépendance de l’appareil judiciaire et le sort réservé aux voix engagées dans l’Algérie d’aujourd’hui.
Samy injar