Le journaliste algérien Nordine Azzouz s’est éteint ce mardi 20 mai 2025, à l’âge de 65 ans, à l’hôpital de Rouiba, des suites d’une perforation gastrique compliquée en septicémie. Hospitalisé depuis plusieurs semaines, il avait survécu à un long arrêt cardiaque en salle d’opération, provoquant des lésions neurologiques que les médecins espéraient encore réversibles. Mais une infection pulmonaire survenue samedi a entraîné une rechute brutale. Il n’a pas pu y survivre.
Une voix familière et fraternelle
Natif d’Oran, Nordine Azzouz a poursuivi une ambition académique qui l’amènera à Alger à la fin des années 80 pour un master en littérature française. Il rejoint ensuite la scène journalistique au lendemain de l’ouverture démocratique de l’après octobre 88 avec une première expérience dans un magazine dédié au cinéma et à l’audiovisuel au début des années 1990. Il s’y est imposé par sa curiosité insatiable, sa rigueur tranquille et son style affûté. Il a marqué des rédactions comme La Nation ou La Tribune, qui furent des foyers d’expression libre dans les années du pluralisme naissant. Il a également collaboré au Quotidien d’Oran et à Algérie News. Journaliste tout-terrain, il passait sans effort du politique à l’économique, du culturel au littéraire, avec la même exigence et le même respect du lecteur.
Un compagnon de route, un repère
À Maghreb Émergent, nous perdons bien plus qu’un confrère. Nordine Azzouz était un proche, un ami, un repère. Il faisait partie de cette génération de journalistes qui ont traversé les tempêtes sans jamais céder sur l’essentiel : la liberté, l’honnêteté intellectuelle, la dignité du métier. Ses écrits, toujours justes, portaient une parole mesurée, sans complaisance, sans bruit inutile.
Il a dirigé pendant les dernières années la rédaction de « Reporters », un quotidien d’information générale qui a soutenu le Hirak en 2019. Il a également coordonné, plus de vingt ans durant, la revue de la Chambre de Commerce « Algérie-France », où il a su établir des ponts entre les deux rives de la Méditerranée. Ses contributions à des médias internationaux comme Middle East Eye ou localement comme Twala.info prolongeaient ce regard aiguisé sur l’actualité algérienne et régionale. Chaque publication portait sa signature : une pensée claire, une langue sobre, un souci constant de vérité.
Nordine n’a jamais transigé sur ses principes. Défenseur convaincu de la liberté de la presse, il a prêté sa voix à toutes les luttes pour les droits fondamentaux, signant éditoriaux, appels et pétitions avec la même constance. Il laisse derrière lui des textes, des combats, et une profonde estime partagée par ceux qui l’ont côtoyé.
Sa disparition laisse un vide immense à un moment sombre de l’histoire de la presse algérienne où les espaces de liberté se sont évanouis et le métier de journaliste est devenu des plus précaire. . Nordine Azzouz n’était pas seulement un journaliste respecté, il était une conscience parmi nous — et pour beaucoup, un frère de plume et de pensée.