Le Projet de Loi de Finances 2026 réserve une bien mauvaise surprise aux Algériens habitués à franchir la frontière, notamment vers l’Est. L’article 93 propose une augmentation spectaculaire de la taxe sur la consommation des carburants à la sortie du territoire.
Pour les véhicules touristiques, l’actuel tarif unique de 500 DA est remplacé par un système progressif qui sanctionne lourdement les allers-retours répétés. La facture peut atteindre 25 000 DA pour quatre sorties ou plus par jour, soit une multiplication par 50 dans le cas extrême. Même pour une simple sortie, la taxe double à 1 000 DA. Les véhicules utilitaires de moins de 10 tonnes ne sont pas épargnés : leur taxe grimpe de 3 500 à 5 000 DA, une hausse de plus de 40 %.
Réduire la fraude ou freiner les flux ?
Le gouvernement veut contenir un trafic de carburant intense aux frontières. En multipliant le coût des rotations, l’État compte éradiquer la fraude liée aux allées et venues répétées qui exploitent la différence de prix entre le carburant subventionné algérien et celui des pays voisins.
Mais cette démarche risque d’être perçue par l’opinion comme une simple tentative de freiner les flux, voire de sanctionner les ménages. Il faut rappeler que les Algériens représentent les premiers touristes en nombre sur le territoire tunisien. Loin de la simple villégiature, une part croissante de ce trafic répond à la seule logique économique de la survie du porte-monnaie.
L’économie de la débrouille contre l’inflation
La véritable raison de ces déplacements fréquents ne se limite pas à l’appât du gain sur le carburant. Le phénomène est plus complexe : de nombreux Algériens se rendent en Tunisie pour des besoins essentiels liés à leur véhicule.
Monter des pneus, acheter des pièces détachées ou faire installer des équipements neufs en Tunisie est devenu monnaie courante. En Algérie, ces produits et services peuvent coûter jusqu’à trois fois plus cher.
Cette dynamique transfrontalière répond directement à la cherté des prix locaux et au manque de compétitivité de la chaîne de valeur automobile nationale. La hausse des taxes, si elle est adoptée par le Parlement, ne résoudra pas le vrai problème : l’inflation et les prix élevés en Algérie.