Les prix du pétrole brut subissent une nouvelle journée de repli ce mercredi, enregistrant leur troisième séance consécutive de baisse. Au cœur de cette tendance négative : les inquiétudes persistantes concernant l’impact dévastateur de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis sur l’économie mondiale et, par conséquent, sur la demande d’or noir. Les investisseurs affichent une nervosité palpable face aux répercussions potentielles de ce bras de fer économique entre les deux géants mondiaux.
À l’approche de 09h20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne, s’échangeait à 63,57 dollars, accusant une baisse significative de 1,06% pour sa livraison en juin. Simultanément, le baril de West Texas Intermediate (WTI), l’étalon américain, reculait de 1,03%, s’établissant à 59,80 dollars.
Les prix pétrole victime du contexte mondial
Pour Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB cité par AFP, la trajectoire descendante des cours pétroliers est directement corrélée à une anxiété croissante sur les marchés : « Il existe une forte conviction que la guerre commerciale actuelle portera préjudice à la demande mondiale de pétrole. » Ce climat d’incertitude, alimenté par les tensions commerciales, engendre une volatilité accrue sur le marché de l’énergie.
Le contexte sous-jacent est marqué par une escalade des tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales. Cette confrontation se manifeste par l’imposition de taxations douanières élevées sur leurs échanges bilatéraux. Concrètement, les produits chinois importés aux États-Unis sont frappés de taxes atteignant jusqu’à 145%, tandis que la Chine applique des droits de douane de 125% sur une vaste gamme de produits américains. Ces barrières tarifaires constituent une menace sérieuse pour le commerce mondial, risquant de freiner considérablement les flux d’échanges et, inévitablement, la consommation de pétrole à l’échelle globale.
La complexité de la situation est accentuée par une configuration inhabituelle observée par les analystes sur le marché pétrolier. Les perspectives à court terme suggèrent un resserrement de l’offre, potentiellement soutenu par les réductions de production actuelles. Cependant, un excédent d’offre pourrait se matérialiser plus tard dans l’année, créant une incertitude supplémentaire quant à la direction future des prix.
« Les marchés ont souvent du mal à anticiper des scénarios très éloignés de la réalité immédiate », souligne M. Schieldrop. « Mais dans ce cas précis, il existe un consensus clair et dominant : cette guerre commerciale est intrinsèquement défavorable à la croissance économique mondiale, à la demande de pétrole, et par conséquent, à ses prix. » Ce pessimisme généralisé concernant la demande future éclipse même les signaux d’un marché actuellement équilibré, qui ne souffre pas encore d’une surabondance d’offre.
Une autre facteur exerce une pression sur les prix du pétrole
En outre, Un autre facteur exerçant une pression baissière sur les prix est la recrudescence des craintes d’une augmentation de la production au sein de l’OPEP+. « Depuis le mois d’avril, le cartel et ses alliés réintroduisent progressivement des barils supplémentaires sur le marché, à un rythme plus soutenu que ce qui était initialement anticipé », met en lumière Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management. Cette hausse progressive de l’offre contribue également au sentiment négatif et à la baisse des cours.
Les acteurs du marché pétrolier attendent désormais avec une grande attention le prochain plan de production de l’OPEP+. Sa publication est prévue pour le 5 mai prochain. Cette décision stratégique du cartel et de ses partenaires pourrait donner le ton et définir la trajectoire des prix du pétrole pour les mois à venir.