Les prix du pétrole ont encore grappillé du terrain jeudi matin, enchaînant une deuxième séance de hausse, alors que le marché continue de se focaliser les risques sur l’offre russe après une nouvelle salve de frappes ukrainiennes contre des infrastructures énergétiques.
En début de matinée, le Brent pour livraison en février 2026 gagnait 0,57% à 63,03 dollars le baril. Le WTI américain pour janvier 2026 avançait de 0,71% à 59,36 dollars. Les deux références avaient déjà terminé la séance de mercredi en hausse, tentant d’effacer les pertes enregistrées plus tôt dans la semaine.
Les frappes ukrainiennes entretiennent la tension
La dynamique reste portée par l’escalade des attaques ukrainiennes contre le réseau énergétique russe. Kiev a visé une nouvelle fois le pipeline Druzhba, dans la région de Tambov. C’est la cinquième attaque enregistrée contre cet oléoduc stratégique qui relie la Russie à la Hongrie et à la Slovaquie. Malgré l’incident, l’opérateur du pipeline et le groupe énergétique hongrois ont affirmé que les flux se poursuivaient normalement.
Ces opérations alimentent la crainte d’un choc d’offre, même limité. Selon le cabinet Kpler, la campagne ukrainienne de drones a atteint un niveau de coordination inédit. Elle cible désormais les raffineries russes à intervalles réguliers, empêchant les installations de retrouver un rythme normal. De septembre à novembre, la capacité de raffinage russe serait tombée à environ 5 millions de barils par jour, soit 335 000 barils par jour de moins qu’un an plus tôt, avec une chute marquée de la production d’essence et un net recul du diesel.
Les incertitudes géopolitiques pèsent aussi sur le marché
À ces risques opérationnels s’ajoutent les incertitudes politiques autour des négociations de paix. Les discussions menées entre des émissaires américains et le Kremlin n’ont débouché sur aucune avancée. Donald Trump a lui-même reconnu qu’il ne savait pas quelle direction prendraient les pourparlers. Ce blocage réduit, pour l’instant, la probabilité d’un accord qui aurait permis le retour d’une partie du pétrole russe sur un marché déjà bien approvisionné.
Pour Vanda Insights, les prix devraient rester enfermés dans un “couloir étroit”, tant que les efforts diplomatiques autour de l’Ukraine piétinent. Ces derniers mois, les anticipations d’une éventuelle fin de la guerre avaient pesé sur les cours, les opérateurs intégrant l’idée d’une levée progressive des sanctions et d’un retour plus massif des volumes russes.
Pour l’heure, la perspective d’une offre russe perturbée reprend le dessus, soutenant timidement les cours du brut autour de 60 à 63 dollars le baril.