Le pétrole Brent a clôturé lundi à 62,11 dollars le baril, en hausse de 0,10%, prolongeant sa série de gains dans un marché secoué par le blocus américain sur le Venezuela. Pour l’Algérie, dont le budget 2025 table sur un baril à 60 dollars, cette volatilité ouvre des opportunités mais complique la planification budgétaire.
Le Brent affiche 62,11 dollars ce mardi 23 décembre, après avoir grimpé de 2,64% lors de la séance de lundi. Le WTI américain suit à 4 478,75 dollars l’once d’or. Sur les 12 derniers mois, le Brent a oscillé entre un plus haut à 82,63 dollars et un plus bas à 58,40 dollars, reflétant une année 2025 marquée par une lutte entre fondamentaux baissiers et tensions géopolitiques ponctuelles.
Pour l’Algérie, ces niveaux de prix sont une arme à double tranchant. Avec un budget basé sur un baril à 60 dollars, chaque dollar supplémentaire représente une marge de manœuvre bienvenue pour un pays qui tire plus de 90% de ses recettes budgétaires des hydrocarbures. Mais la volatilité actuelle complique la visibilité, alors qu’Alger vient de lancer le financement alternatif via les sukuk pour combler son déficit.
Trump serre la vis sur Caracas, 1% de l’offre mondiale en jeu
À l’origine de cette hausse, Donald Trump qui a ordonné un blocus total sur les exportations de pétrole vénézuélien. Samedi dernier, les garde-côtes américains ont saisi le pétrolier Centuries en eaux internationales. Du jamais vu. Lundi, le président américain a annoncé que Washington pourrait « conserver ou vendre » le brut confisqué.
Le Venezuela représente environ 1% de l’offre mondiale de pétrole. Pas de quoi bouleverser les équilibres globaux, mais suffisant pour créer de la nervosité dans un marché où Barclays prévoit une réduction du surplus mondial à seulement 700 000 barils par jour au quatrième trimestre 2026. « Une perturbation prolongée pourrait accroître la rareté de l’offre sur le marché, entraînant un épuisement des stocks récemment constitués », prévient la banque britannique.
Pour l’Algérie, membre de l’OPEP, l’équation est double. Une raréfaction de l’offre vénézuélienne pourrait soutenir les cours et améliorer les recettes budgétaires. Mais elle pose aussi la question de la stratégie de production : augmenter les volumes pour capter les parts de marché laissées vacantes, ou maintenir la discipline OPEP+ au risque de laisser d’autres producteurs en profiter ?
La mer Noire s’embrase, la Russie concurrencée
Parallèlement, la situation en mer Noire se détériore. Lundi soir, les forces russes ont frappé le port ukrainien d’Odessa pour la deuxième fois en moins de 24 heures, endommageant des installations portuaires et un navire. L’Ukraine a riposté en ciblant les pétroliers de la « flotte de l’ombre » russe qui contournent les sanctions. Une attaque par drone a endommagé deux navires et deux quais dans la région de Krasnodar.
Ces perturbations sur les routes d’exportation de la mer Noire affectent directement la Russie, concurrent majeur de l’Algérie sur les marchés européens du gaz et du pétrole. Si Moscou voit ses capacités d’exportation entravées, Alger pourrait en tirer parti, à condition que les prix restent soutenus et que la demande européenne se maintienne.
Un marché tendu entre offre excédentaire et chocs géopolitiques
« Les marchés pétroliers connaissent une volatilité aiguë durant les dernières semaines de 2025, reflétant une lutte entre des fondamentaux baissiers persistants et des événements géopolitiques haussiers sporadiques », analyse Priyanka Sachdeva, analyste chez Phillip Nova.
Le diagnostic est sans appel : malgré les sursauts liés aux tensions géopolitiques, les fondamentaux pointent vers une faiblesse de la demande et un excès d’offre. « Globalement, la tendance reste faible, les préoccupations structurelles liées à l’offre l’emportant sur les hausses de court terme provoquées par l’aversion au risque. »
Pour l’Algérie, cela signifie naviguer dans l’incertitude. Le Brent à 62 dollars offre un coussin modeste par rapport aux 60 dollars budgétés, mais reste loin des niveaux qui permettraient de reconstituer les réserves de change ou de financer confortablement les importations. Dans ce contexte, chaque hausse compte, et le blocus américain sur le Venezuela pourrait bien être l’étincelle qui maintient les prix à flot dans les prochains mois.