Les cours du pétrole ont recommencé la journée sur un léger mieux, après avoir terminé la séance de mardi en nette baisse, effaçant l’essentiel des gains de la veille. Le marché reste pris en étau entre des risques géopolitiques bien réels et un fond de tableau dominé par la crainte d’un surplus d’offre et d’une demande atone.
Mardi soir, le Brent et le WTI ont reculé de plus de 1 %, chacun abandonnant environ 1,1 à 1,15 %. Les prises de bénéfices ont été accentuées par l’annonce de la reprise partielle des flux sur l’oléoduc de la mer Noire géré par le consortium CPC, après une attaque de drones ukrainiens le 29 novembre. Le retour de ces cargaisons sur le marché a suffi à casser la dynamique haussière enclenchée lundi.
Ce mercredi matin, les cours tentent un rebond technique. Vers 6 h 35 GMT, le Brent de référence pour livraison février 2026 grappille 0,16 %, autour de 62,5 dollars le baril, tandis que le WTI janvier 2026 gagne 0,20 %, à environ 58,8 dollars. Un peu plus tard dans la matinée, le Brent s’échangeait autour de 63,2 dollars, signe d’un léger regain d’appétit pour le risque après la correction de la veille.
Un marché partagé entre risque géopolitique et surabondance
En toile de fond, les opérateurs continuent de jauger les conséquences des frappes de drones ukrainiens contre des infrastructures énergétiques russes, ainsi que la montée des tensions entre Washington et Caracas. Chaque nouvel épisode rappelle que l’offre russe et vénézuélienne reste vulnérable, même si ces chocs ne se traduisent pas immédiatement par des pertes massives de volumes.
La dimension diplomatique s’ajoute à cet environnement déjà chargé. Un entretien de cinq heures entre Vladimir Poutine et des émissaires de Donald Trump n’a pas débouché sur un compromis visible concernant un éventuel accord de paix en Ukraine. Les marchés pétroliers scrutent ces discussions pour savoir si, à terme, elles pourraient ouvrir la voie à un allègement des sanctions visant les compagnies russes, comme Rosneft ou Lukoil, et donc à une remontée plus franche de l’offre sur le marché mondial.
Pour l’heure, les inquiétudes demeurent : les accusations du président russe contre certaines capitales européennes, accusées de bloquer une sortie de crise en proposant des conditions “inacceptables”, entretiennent le scénario d’un statu quo prolongé. Tant que les sanctions restent en place, une partie de la production russe ne trouve débouché que vers des clients comme la Chine ou l’Inde.
Surplus de brut et stocks américains en hausse
En parallèle, les fondamentaux rappellent à l’ordre. Les dernières données de l’American Petroleum Institute font état d’une hausse des stocks américains de brut de 2,48 millions de barils sur la semaine, accompagnée d’une augmentation des stocks d’essence (+3,14 millions de barils) et de distillats (+2,88 millions). Ces chiffres nourrissent le récit d’un marché où l’offre progresse plus vite que la demande.
Dans ce contexte, l’analyste Tony Sycamore (IG) estime que, malgré les risques géopolitiques, “les craintes liées au surplus d’offre et à la faiblesse de la demande continuent de peser sur le prix du brut, qui doit rester au-dessus d’une zone de soutien dans le milieu des 50 dollars pour éviter une correction plus profonde”. Autrement dit, le rebond de ce matin ressemble davantage à un rattrapage technique qu’au début d’un véritable changement de tendance.
La suite dépendra en partie des chiffres officiels de l’Energy Information Administration (EIA) sur les stocks américains, attendus dans la journée. S’ils confirment une accumulation rapide des réserves, la fenêtre de rebond pourrait se refermer rapidement, laissant le Brent osciller encore entre la pression des fondamentaux et les sursauts de nervosité géopolitique.