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Pétrole : l’OPEP, l’AIE et l’EIA s’écartent de 400 000 barils/jour dans leurs prévisions pour 2026

Par Yasser K 23 novembre 2025
Les trois institutions de référence du marché pétrolier ne parviennent plus à s'accorder sur les prévisions de demande pour 2026. (Illustration générée par IA)

Les prévisions de l’OPEP, de l’AIE et de l’EIA divergent chaque mois davantage. Pour les pays producteurs comme l’Algérie, ce brouillard rend la planification budgétaire hasardeuse. Et si c’était justement l’offre qui posait problème ?

On ne sait plus à quel saint se vouer. Selon les dernières projections publiées en novembre par les trois institutions de référence du marché pétrolier, la demande mondiale en 2026 pourrait augmenter de 970 000 barils par jour. Ou de 1,06 million. Ou carrément de 1,38 million. Tout dépend à qui on s’adresse. L’OPEP, l’Agence internationale de l’énergie et l’Energy Information Administration américaine ne vivent manifestement pas sur la même planète énergétique. Et c’est un problème.

Pour un pays comme l’Algérie, qui construit son équilibre budgétaire sur un marché du pétrole qu’il ne maîtrise pas, ces écarts se transforment vite en casse-tête. Sonatrach et le ministère des Finances doivent jongler avec des hypothèses qui changent tous les mois. Comment prévoir les recettes de l’exercice budgétaire quand les experts mondiaux eux-mêmes ne parviennent pas à s’entendre sur la trajectoire du baril ?

L’OPEP, institution à laquelle Alger appartient depuis les origines, reste la plus confiante. Elle maintient une croissance de la demande pour 2026 de 1,38 million de barils par jour, ce qui porterait la consommation mondiale à plus de 106,5 millions de barils. Une hausse estimée par l’Organisation à 3%, soutenue par une demande jugée « durable » dans les économies émergentes. Dans ce scénario, la hausse anticipée reste de 1,30 Mb/j par rapport à 2025. On comprend bien l’intérêt : l’OPEP a besoin de justifier sa politique de quotas par une demande robuste. Historiquement, son optimisme a toujours servi sa stratégie commerciale.

Du côté des pays consommateurs, une vision plus modérée

L’AIE, elle, adopte une ligne nettement plus prudente. Même si elle rehausse légèrement ses prévisions, l’Agence table désormais sur une progression de 970 000 barils par jour en 2026, après un troisième trimestre 2025 plus dynamique que prévu. Cette révision ne traduit pas un enthousiasme délirant, mais une correction face à des données ponctuellement meilleures. Dans son scénario, la demande mondiale atteindrait 104,65 millions de barils, inférieur de près de deux millions au estimations de l’OPEP. L’écart n’est pas marginal : il traduit une vision plus lente de la consommation dans les pays développés et une intégration plus forte des gains d’efficacité énergétique. Pour un exportateur comme l’Algérie, cela signifie un marché moins tendu et plus sensible aux surplus d’offre.

Quant à l’EIA américaine, elle est la plus modérée. Elle révise à la baisse ses projections pour 2026, avec 1,06 million de barils par jour de croissance. Les ajustements pour 2025 vont dans le même sens. Ici, la méthodologie est plus sensible aux cycles économiques américains et aux données de court terme. L’EIA ne décrit pas un effondrement de la demande, mais un ralentissement. Dans un tel environnement, l’évolution des prix du pétrole joue davantage sur la capacité des producteurs à contenir l’offre que sur un déséquilibre naturel du marché.

Le vrai nœud du problème : l’offre américaine

C’est justement sur l’offre que les écarts se creusent. L’OPEP table sur une progression modérée de l’offre hors OPEP+ en 2026, portée principalement par les États-Unis, le Canada et l’Argentine. Les deux autres institutions voient une dynamique plus forte, avec plus d’un million de barils supplémentaires. Ce constat n’est pas neutre pour l’Algérie. Une offre hors OPEP+ en hausse signifie une concurrence accrue sur les marchés, notamment en Europe où Sonatrach place l’essentiel de ses volumes. Cela signifie aussi que les efforts d’ajustement des membres de l’OPEP+ peuvent être partiellement absorbés par les hausses venues d’ailleurs.

Les données sur les stocks vont dans le même direction. Les inventaires des pays de l’OCDE augmentent dans les trois séries statistiques, ce qui confirme qu’à la fin de 2025, le marché reste confortablement approvisionné. Une situation de stocks élevés limite mécaniquement la possibilité d’un baril durablement haut, sans que cela ne préjuge d’un prix plancher. Pour l’Algérie, c’est un rappel désagréable : le pétrole n’est plus un actif rare.

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