Le ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations et la Haute-commissaire à la Numérisation ont officialisé, ce lundi 17 novembre, une étape importante dans la numérisation des procédures d’importation.
En effet, une convention a été signée entre le ministre Kamel Rezig et la ministre, Haute-commissaire à la numérisation, Meriem Benmiloud, pour l’hébergement de la future plateforme nationale d’importation sur les infrastructures de cloud de l’État, au niveau du Centre national algérien des services numériques.
Présenté comme un “tournant” dans la modernisation de la gestion du commerce extérieur, ce partenariat vise à offrir un environnement national sécurisé et unifié pour le traitement des demandes d’importation. La plateforme sera dédiée, selon la même source, aux opérateurs économiques qui importent pour leur propre compte dans les segments de la gestion et de l’équipement.
Une plateforme au cœur du dispositif numérique
Selon le communiqué officiel, la plateforme doit être mise en service d’ici la fin du mois. Elle permettra aux entreprises de soumettre et de suivre leurs demandes sans déplacement physique entre administrations. L’objectif affiché est de réduire les lourdeurs bureaucratiques, d’accélérer les délais de traitement et de renforcer la traçabilité des opérations.
A ce stade et en évoquant la bureaucratie, il faut rappeler qu’un réseau de corruption impliquant 17 personnes a été révélé, début octobre, par le Bureau central de lutte contre la corruption (BCLC). L’organisme a reçu 5 309 signalements liés à des soupçons de corruption. Parmi ceux-ci, 68 affaires ont été instruites et ont donné lieu à 159 décisions d’interdiction de quitter le territoire national.
La lutte contre ces pratiques est l’objectif affiché par les autorités. L’outil numérique est conçu comme un guichet d’interconnexion entre l’ensemble des ministères concernés, les Douanes algériennes et les banques. Il doit offrir un cadre “cohérent et transparent” pour le suivi de toutes les étapes, de la demande initiale jusqu’à la finalisation de l’opération, en passant par les autorisations, les contrôles et le déblocage des paiements en devises.
Une modernisation numérique sur un socle institutionnel fragile
Si la dimension technologique marque un progrès indéniable, la question de l’effectivité du cadre de régulation reste centrale. Depuis plusieurs années, différents dispositifs ont été annoncés pour encadrer les flux d’importations et d’exportations : comités interministériels, mécanismes de priorisation sectorielle, dispositifs de suivi et de contrôle, voire instances dédiées à l’observation des flux commerciaux et financiers.
Or, nombre de ces structures restent soit coincées dans la bulle de « l’effet d’annonce », soit en phase de mise en place, soit insuffisamment opérationnalisées sur le terrain, faute de textes d’application complets, de moyens ou de procédures stabilisées.
Ce décalage potentiel pose un enjeu de fond : une plateforme numérique peut fluidifier la circulation de l’information, mais elle ne remplace ni les arbitrages, ni les règles. Sans autorités décisionnelles pleinement installées, sans critères publiés de priorisation des importations, de gestion des quotas ou d’allocation de devises, le risque est de se limiter à “digitaliser la complexité”, plutôt que de la réduire.





