Alors que le projet de loi de finances présenté par le gouvernement au Parlement n’apporte pas de changement majeur pour l’exercice 2026, il introduit plusieurs ajustements de fiscalité destinés à soutenir les secteurs économiques, à consolider le levier d’industrialisation ciblée et à préserver le pouvoir d’achat.
Le texte du PLF 2026 propose une série d’allégements fiscaux visant à encourager la transformation locale dans des secteurs jugés stratégiques.
La mesure la plus emblématique concerne l’industrie solaire : les intrants nécessaires à la fabrication de panneaux photovoltaïques seront désormais soumis à un régime douanier préférentiel. L’exposé des motifs évoque la « promotion de la production nationale dans le secteur stratégique de l’énergie solaire ». Concrètement, cette mesure allège les coûts de production locale. L’État parie ainsi sur un effet d’entraînement industriel plutôt que sur un rendement fiscal immédiat.
Autre levier de soutien, la filière aquacole bénéficie d’un régime incitatif, avec des allégements pour les matières premières destinées à la fabrication d’aliments pour poissons d’élevage. Une mesure discrète mais stratégique, inscrite dans la démarche de sécurité alimentaire et de diversification des sources de protéines.
La reconduction des mesures alimentaires : entre pragmatisme et dépendance
En plus des subventions destinées à réguler le marché et à alléger le pouvoir d’achat, et face à la tension persistante sur les prix des viandes rouges, le gouvernement reconduit le régime préférentiel instauré en 2024. Les importations de cheptels bovins et ovins ainsi que de viandes réfrigérées continueront de bénéficier d’un traitement fiscal allégé jusqu’à fin 2026.
Selon les rédacteurs du texte, ces dispositifs ont « stabilisé les prix et assuré la disponibilité du produit à des niveaux abordables ». Leur prolongation traduit une logique plus sociale que budgétaire et souligne les limites d’une politique agricole encore dépendante des importations pour équilibrer le marché.
Micro-importation : la fiscalité comme outil d’inclusion
L’introduction d’un statut fiscal pour les micro-importateurs (commerce de « cabas ») marque une évolution à dimension sociale. Inspirée du décret exécutif de juin 2025, cette réforme permet aux petits opérateurs d’intégrer le cadre formel grâce au statut d’auto-entrepreneur.
Le texte prévoit un régime simplifié : droits de douane réduits, exonération de certaines formalités et imposition forfaitaire allégée. Derrière la technicité du dispositif, le message est clair : l’État cherche à intégrer une économie informelle devenue massive, en transformant les micro-commerçants en acteurs enregistrés et fiscalement identifiés.
Sukuk souverains : une accélération de la finance islamique
Le volet financier du PLF 2026 adapte le dispositif introduit en 2025 sur les Sukuk souverains; ces obligations conformes à la charia. Le texte encourage la souscription des investisseurs institutionnels (banques islamiques, assurances Takaful) afin de mobiliser l’épargne domestique pour financer les infrastructures publiques sans recourir à l’endettement externe, souligne l’exposé des motifs.
Le fil conducteur du PLF 2026 est celui d’une fiscalité sélective : réduire la pression sur les filières essentielles ou émergentes tout en maintenant une discipline budgétaire prudente. Les exonérations ne sont plus distribuées à large échelle, mais concentrées sur les segments à fort potentiel de valeur ajoutée : énergie solaire, aquaculture, micro-commerce et finance islamique.
Ce choix révèle toutefois la contradiction d’un État oscillant entre soutien à la production et contrôle social des prix. En reconduisant les allégements sur les viandes importées, il admet implicitement la faiblesse structurelle du tissu productif agricole.