L’Algérie s’apprête à changer de dimension dans l’industrie du pneumatique. D’après l’Agence nationale de promotion de l’investissement (AAPI), qui a communiqué ces chiffres ce lundi 29 décembre, la capacité de production nationale atteindra 19 millions de pneus par an à l’achèvement des projets en cours.
Cette évolution intervient dans un contexte de fortes tensions sur le marché. Depuis près d’un an, les automobilistes font face à des pénuries répétées, à une hausse marquée des prix et à des pratiques spéculatives qui ont perturbé l’approvisionnement. Pour contenir ces dérives, les autorités ont décidé de confier l’importation des pneumatiques exclusivement à l’opérateur public Naftal, dans l’attente de la montée en puissance de la production locale.
À ce stade, la filière nationale repose principalement sur l’unité de Sétif, qui produit les pneus de la marque Ecoris, filiale du groupe IRIS. Trois nouvelles usines sont en cours de réalisation à Touggourt, Oran et Oum El Bouaghi, ce qui porterait à quatre le nombre de pôles industriels dédiés au secteur. Selon l’AAPI, l’ensemble de ces unités permettra de couvrir la demande nationale et d’envisager, à moyen terme, une orientation vers l’exportation.
Touggourt, projet pivot
Les travaux de réalisation d’une méga-usine ont été lancés le 29 décembre 2025 dans la wilaya de Touggourt, en présence du Directeur général de l’AAPI, Omar Rekache. Implantée sur une superficie de 20 hectares, l’unité affichera une capacité de production de 5 millions de pneus par an, dont 60 % destinés aux véhicules légers. Le montant de l’investissement est estimé à 27 milliards de dinars, avec un impact social annoncé de plus 1 700 emplois directs.
La montée en puissance de cette filière s’inscrit dans une stratégie plus large de substitution aux importations et de réduction de la facture en devises. Elle répond également à des enjeux de sécurité d’approvisionnement pour le marché automobile national. Sa réussite dépendra toutefois du respect des délais de mise en service, de l’accès aux matières premières et de la compétitivité des produits locaux face aux pneumatiques importés.
Après une année marquée par de fortes perturbations, 2027 constituera une échéance clé pour mesurer la capacité de l’Algérie à transformer ces projets industriels en production effective et durable.