En France le débat sur la tomate marocaine, notamment la tomate cerise, s’intensifie en raison des écarts de coûts de production. Le coût horaire de la main-d’œuvre donne un avantage compétitif aux producteurs marocains. Une barquette de 250 g de tomates cerises marocaines est vendue à 99 centimes d’euros, tandis que les producteurs français la vendent à 1,29 €.
Lors de la dernière édition du Salon de l’Agriculture à Paris, les producteurs français ont appellé à une révision de l’accord de libre-échange signé en 2012 entre le Maroc et l’Union européenne. Ils réclament un « rééquilibrage saisonnier des importations » afin de respecter l’esprit initial de l’accord, qui visait à assurer une complémentarité entre les productions françaises et marocaines, et non « une concurrence déloyale pendant la saison de production locale ».
Selon des médias spécialisés, 85% des volumes des tomates cerise vendues en France proviennent du Maroc. Lors du Salon, le directeur du groupement de coopératives les Paysans de Rougeline, Gilles Bertrandias a défendu la production de tomates françaises, « durement concurrencée par l’importation de tomates marocaines toute l’année ». L’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Europe qui régit ces importations depuis 2012 a, selon lui, été « dévoyé ».
D’après lui, en quelques années, la tomate marocaine et en particulier la tomate cerise se sont imposées sur le marché français, avec des coûts de production qui n’ont rien à voir. « Pour la main-d’œuvre, ils sont à 1 euro de l’heure quand on est ici à 14 euros. Or, le poids de la main-d’œuvre est très significatif dans le coût de production d’une tomate. C’est donc un avantage concurrentiel extrêmement important pour le Maroc » avait-il expliqué.
En réponse à ces déclarations, Khalid Saïdi, président de l’APEFEL (Association des Producteurs et Exportateurs de Fruits et Légumes du Maroc), a vivement réagi, qualifiant les allégations formulées à l’encontre des producteurs marocains de « fallacieuses » et de « désinformation ».
Selon Saïdi, aucune discussion formelle n’a eu lieu avec les organisations agricoles françaises sur l’idée d’interrompre les exportations marocaines à une période précise de l’année. Le principal point de friction reste la proposition de certains producteurs français d’une suspension totale des exportations de tomates marocaines entre avril et octobre, une idée jugée « inadmissible » par Saïdi. Selon lui, une telle mesure relève des prérogatives des États et dépasse les capacités des organisations professionnelles.