Gallimard a fait savoir, par l’intermédiaire de l’épouse de Boualem Sansal, qu’il refuse tout parrainage émanant de l’extrême droite dans le cadre de la candidature de l’écrivain au prix Sakharov. Le comité de soutien, dirigé par Noëlle Lenoir — auteure de propos racistes anti-algériens — conteste à l’épouse le droit de s’exprimer au nom de Sansal, tout en soutenant le parrainage initié par Jordan Bardella.
L’éditeur de Boualem Sansal, Antoine Gallimard, s’est opposé, au nom de l’épouse de l’écrivain, au parrainage du groupe d’extrême droite “Patriotes pour l’Europe”, présidé par Jordan Bardella (Rassemblement national, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen). Ce soutien, jugé encombrant et politiquement toxique, est pourtant défendu par le comité de soutien à l’écrivain, présidé par Noëlle Lenoir.
Un parrainage “insidieusement partisan”
La polémique révèle combien la “question Sansal” est devenue un enjeu de politique intérieure française, avec une extrême droite raciste qui cherche à instrumentaliser l’écrivain en promouvant sa candidature au prix Sakharov 2025. Ce soutien est d’autant plus problématique que Sansal a été condamné en appel, le 1er juillet dernier, à cinq ans de prison ferme, notamment pour atteinte à l’unité nationale. Ses voies de recours étant épuisées, son sort dépend désormais d’une éventuelle grâce présidentielle.
Antoine Gallimard a indiqué que l’écrivain, par la voix de son épouse, rejette cette “démarche insidieusement partisane”. Il pointe explicitement le Rassemblement national, dont le discours raciste anti-algérien est bien connu, et précise que Sansal refuse que son nom et ses écrits soient associés aux “visées d’un mouvement dont la radicalité politique est étrangère à l’esprit de tolérance qu’il a toujours promu”. L’éditeur a également averti que si cette candidature était retenue, le prix serait refusé par les représentants de l’écrivain en France.
Une démarche qui dessert Sansal
Ce parrainage, qualifié d’« insidieusement partisan », est soutenu par le comité de soutien à Sansal, dirigé par Noëlle Lenoir, qui conteste à l’épouse de l’auteur le droit de parler en son nom. Ce comité, dont la tonalité anti-algérienne ne se limite plus au “régime”, nuit clairement à l’image de l’écrivain en Algérie.
Sa présidente, Noëlle Lenoir, ancienne ministre, a tenu des propos indécents sur CNews — média d’extrême droite — affirmant que « des millions d’Algériens peuvent sortir un couteau dans le métro, dans une gare, dans la rue, n’importe où ». Des propos racistes, visés par des plaintes. Ce comité, où figure également Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger et désormais conseiller “en bras de fer avec l’Algérie” de la droite et de l’extrême droite, s’en prend à Gallimard et à l’épouse de l’écrivain, affirmant que « nul ne peut aujourd’hui se prévaloir de parler au nom de Boualem Sansal ». Une posture paradoxale, puisque ce comité revendique lui-même ce droit exclusif.