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Pour un pacte ou contrat républicain (contribution)

Par Maghreb Émergent
19 mars 2019

Tous les partis politiques et les courants idéologiques qu’ils représentent, les groupements représentatifs de la société civile  peuvent s’assoir autour d’une table pour esquisser les contours et signer un « Contrat ou Pacte Républicain ».

Par essence, les courants politiques et les idéologies sont animés de la tentation totalitaire. Sinon pourquoi se battre, par les élections, pour obtenir la majorité, la plus grande possible. L’existence même de ces courants et les idéologies qui les animent fait que le consensus ne peut être réalisé en estompant les spécificités ou en arrondissant les contours.

La concurrence et la course vers le pouvoir est leur raison d’exister. C’est pourquoi, à mon humble avis, parallèlement à la recherche d’un consensus, le plus possible, il y a urgence d’édifier un Etat républicain. Ces partis et les groupements réellement représentatifs de la société civile doivent parvenir à élaborer un contrat républicain qui leur garantisse la protection de leur tentation totalitaire. 

Deux raisons fondamentales rendent nécessaire ce pacte entre Algériens. Les voici :

Quand on aime son pays, on l’aime comme il est et non comme on veut qu’il soit. C’est, selon mon humble avis, dans ce clivage que trouvent origine toutes les contradictions qui empêchent ou du moins qui freinent la construction d’un Etat républicain. Mes chers concitoyens, c’est par cette réflexion, que je voudrais exposer ma modeste proposition qui, j’espère, aura l’honneur d’être enrichie par vos points de vue respectifs.

Oui, chers concitoyens, l’Algérie n’appartient pas uniquement, aux islamistes, tout comme elle n’est pas la propriété exclusive des laïcs. Elle n’est ni purement amazighe ni arabe.  L’Algérie est la mère patrie de tous les Algériens forgée et formé tout le long des millénaires. Ma conviction est que nous ne pouvons et nous ne pourrons jamais construire une république de droit si un seul Algérien s’en trouve exclu.

Aujourd’hui, chers concitoyens, l’occasion est unique pour réaliser notre rêve de parachever l’édifice pour lequel se sont sacrifiés nos ancêtres depuis des siècles. Le sacrifice le plus proche de nous est la guerre de libération. Le défi admirablement relevé de nos parents est le combat contre le colonialisme. Le nôtre n’est pas moins difficile, mes chers concitoyens. Notre défi est d’entamer un grand et dur travail sur nous-mêmes.

Changer de  conception et de perception en est un chantier monumental. Depuis l’indépendance, nous disons tous, et je ne doute pas un seul instant de notre sincérité, que nous aimons notre Algérie. Mais hélas, jusque-là, chacun ou chaque groupe aiment son pays comme il veut qu’il soit et non comme il est. L’un des symptômes de cet amour « suicidaire » est de voir l’Algérie comme on veut qu’elle soit et non comme elle est réellement.

Ce paradigme biaisé apparaît clairement durant ce mouvement. Sans douter de la sincérité de cet amour, une partie continue de croire que l’union consiste à rogner les différences. « Ni Arabe, Ni Amazigh, ni kabyle, ni chaoui, ni, ni » C’est justement dans ce « ni, ni » que réside le mal parce que l’Algérie c’est tout cela. Le travail sur nous-mêmes consistera, à mon humble avis, à parvenir à concevoir l’Algérie et l’aimer avec toutes ses déclinaisons. Il nous faudra l’aimer comme elle est.

Chers concitoyens, le système politique subit, aussi, cette conceptualisation nourrissant et se nourrissant de l’exclusion de l’autre, par amour pour l’Algérie.  Un travail sur nous-mêmes est, à mon humble avis, nécessaire pour construire un système politique républicain dans lequel évolueront tous les courants dans leur diversité, islamiste, laïque, communiste, socialiste ou autre. C’est justement cette Algérie et ce système politique républicain que tous ces courants devront défendre. C’est le seul cadre qui les prémunit de la tentation totalitaire des idéologies conjoncturellement majoritaires. Pour le moment, tous ces courants politiques sont appelés à suivre le fleuve populaire et ne jamais avoir la tentation de le récupérer ni de le détourner. Cette nouvelle génération en marche apportera, à court, à moyen et à long terme sa touche dans tous ces courants politiques.

A mon humble avis, ce sont là deux conditions qui devraient prévaloir durant la toute prochaine étape. Edifier un cadre républicain  garant de l’existence et de la pérennité du libre exercice politique est primordial pour une société apaisée. La révolution pacifique conduite par la jeunesse est un signe que la société est prête pour relever le défi et c’est à mon sens à la classe politique de démonter qu’elle a muri et qu’elle peut dépasser les clivages mortels des années de braise. 

Aimons l’Algérie comme elle est et construisons un Etat républicain, c’est notre devoir envers les prochaines générations.  Pour le reste, l’Algérie est un gisement de compétences et de talents. Nous sommes capables d’en faire un pays émergent dans moins d’une décennie. J’en suis convaincu ; Yes we can !

Kamel BOUDJADI, Journaliste-écrivain

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