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Pourquoi cacher le risque Trump pour l’Algérie ?

Par Maghreb Émergent
2 février 2025

Pare El Kadi Ihsane

Le commentaire enthousiaste du ministère des Affaires étrangères algérien suite à l’entretien téléphonique de Ahmed Attaf avec le nouveau secrétaire américain Marco Rubio a de quoi laisser perplexe au regard de tous les risques que comporte la présidence Donald Trump pour l’Algérie.

Passons sur l’engagement déterminant du revenant à la Maison-Blanche aux côtés du Maroc dans sa tentative de légaliser devant la communauté internationale l’occupation du Sahara Occidental. Cela n’a appelé aucune dissonance rapportée dans la communication diplomatique. Pas plus que le rejet d’une solution à deux États au Proche-Orient et la suggestion répétée de vider Gaza de ses habitants, n’a altéré  les éléments de langage qui ne soulignent qu’« une dynamique bilatérale positive ».  

Les accords d’Abraham, la normalisation du Maroc avec Israël en contre partie de la reconnaissance – en infraction du droit international – de Trump de la marocanité du Sahara à la fin de son premier mandat en décembre 2020, ont pourtant sérieusement impacté les arbitrages budgétaires algériens. Les dépenses d’armement ont suivi depuis cinq ans la montée d’un risque sécuritaire considéré à Alger – à tort ou à raison – comme devenu imminent.

La relation avec l’administration Trump ne peut donc raisonnablement pas prétendre à la « relative » qualité reconstituée avec celle de son prédécesseur démocrate que même sa complicité avec le projet génocidaire d’Israël à Gaza n’a pas réussi à défaire. À la charge idéologique raciste, pro-colonialiste traditionnelle de l’extrême droite Etats Unienne qu’incarne désormais le président Trump  vient s’ajouter une menace de nature économique qu’Alger a également choisi de courtoisement diluer. Faut-il la prendre au sérieux ?

Donald Trump veut faire baisser les cours du pétrole. Il veut pour cela relancer l’investissement dans l’amont pétrolier, renforcer les stocks stratégiques et faire pression notamment sur l’Arabie Saoudite pour que l’Opep ouvre ses vannes et infléchissent les cours. Marco Rubio a peut-être même évoqué déjà ce desiderata avec son homologue algérien au téléphone, l’Algérie étant historiquement un chef de file de la défense des prix au sein de l’Opep par opposé aux défenseurs des parts de marché que sont les gros producteurs du cartel.

À l’inverse de l’application de barrières tarifaires à l’entrée qu’il a décidé notamment à l’encontre de ses voisins canadiens et mexicains, la baisse des cours du brut échappe largement à la seule volonté d’un acteur unique, fût il le président illuminé des États-Unis d’Amérique. La frénésie de « forage » promise lors du discours d’investiture ne va pas apporter des volumes additionnels de brut sur le marché avant deux ou trois ans au minimum de développement des gisements.

Les membres de l’Opep n’ont pas de raisons vitales de renoncer à un pétrole entre 75 et 80 dollars le baril dans un contexte mondial inflationniste ou les termes de l’échange matière première – produit manufacturé se sont dégradés. Le budget saoudien ne s’équilibre qu’à partir de 100 dollars le baril à 9 millions de barils-jour. Et pour finir de torpiller le délire de Donald Trump au sujet d’un pétrole bon marché au service de la croissance américaine, la reprise de vigueur à la croissance  annoncée en Chine en 2025, et en Asie, réclamera 1,3 million de baril jour de plus sur le marché selon la prévision de l’AIE. La menace de Trump sur le train de vie de l’État Algérien est de fait différée.

Le président américain « est de retour pour gérer le déclin de son pays ». Cette « punchline » de l’essayiste Emmanuel Todd a été conforté cette semaine par un évènement tectonique. L’avance stratégique des Etats Unis dans la Tek est en train de fondre comme neige au soleil. La preuve par l’AI. La révélation sur les couts de développement de DeepSeek, l’application chinoise d’intelligence artificielle ont chamboulé la donne dans le secteur. Dix fois moins de capacité de calcul, donc de microprocesseurs, et trois fois moins d’énergie. L’écosystème de la Tek en a pris un sérieux coup sur les marchés boursiers. Le géant de la puce électronique Nvidia en premier.

Mais pas seulement. Les oligarques de la Tek  réunis pour la plupart autour de Trump devront devoir mieux justifier dans  leur lobbying le chiffre astronomique de 500 milliards de dollars d’investissements et d’aide publics promise à la filière de l’AI. L’administration en charge des États-Unis veut réindustrialiser le pays et  redevenir un atelier dans le monde à défaut d’en être le principal. Elle compte sur la puissance militaire, le marché intérieur, le dollar et l’avance dans la Tek pour y arriver. L’émergence d’une puissance chinoise du digital et de l’AI est plus rapide que redouté par Washington. Le gap industriel ne se réduira sans doute pas le temps d’un mandat. Et les fanfaronnades de Donald Trump n’y peuvent rien. Cela sert-il à grand-chose de le traiter en partenaire ami ?

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