M A G H R E B

E M E R G E N T

Finances

Pourquoi l’Euro est fort et le dollar faible [Le BLOG ECO]

Par Oussama Nadjib 16 juin 2017

 

A la fin de l’année 2016, une prévision faisait consensus sur le marché des changes. Dans les semaines qui devaient suivre, l’euro et le dollar seraient à parité parfaite (1 pour 1) et l’on pensait même que la monnaie unique s’engagerait dans un cycle baissier des plus incertains voire des plus inquiétants. Six mois plus tard, il n’en a rien été.

 L’euro est orienté à la hausse et le dollar baisse après un fort élan ascendant. Alors que la parité actuelle est de 1 euro pour 1,12 dollar, des analystes agitent désormais un niveau d’échange plus que symbolique de 1 euro pour 1,25 dollar. Comment expliquer un tel retournement de tendance ?

 

Trump et populisme

 

Pour comprendre cette évolution, il faut se souvenir que les marchés se nourrissent souvent d’anticipations fussent-elles contradictoires. D’un côté, la perspective d’une politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale poussait le dollar à la hausse.

 En effet, quand les taux courts augmentent, cela rend la monnaie attractive pour les investisseurs, ce qui débouche sur son appréciation. De plus, l’économie américaine paraissant alors plus dynamique que son homologue européenne, les marchés ont assisté à une hausse sensible du billet vert, d’où l’émergence de l’idée d’une prochaine parité parfaite. Et c’était d’autant plus vrai que l’Europe incitait à la prudence ou au pessimisme avec le Brexit et la montée des populismes, y compris en France.

 Le temps a passé et d’autres facteurs ont incité le marché à changer d’avis. Il y a le fait que les projets de grands travaux d’infrastructures voulus par le président Trump risquent d’aggraver des déficits qui sont repartis à la hausse alors que la précédente administration les avait diminués de moitié (12% à 6% du Produit intérieur brut sous Obama).

 De quoi stopper la progression du dollar et d’inverser la tendance. De même, l’élection présidentielle française a convaincu plusieurs opérateurs que les risques politiques en Europe ont diminués et que l’euro n’est plus menacé. Ce dernier pourrait même être «la » grande vedette des marchés en 2017. Mais rien n’est encore joué.

En attendant une crise

 Les autorités européennes, de même que le Japon, voient d’un mauvais œil la baisse du billet vert. Cela sape la compétitivité de leurs exportateurs tandis que les entreprises de la zone dollar sont avantagées. La Banque centrale européenne (BCE) a indiqué qu’elle continuera à injecter des liquidités, au moins jusqu’à la mi-2018, ce qui signifie des facteurs baissiers pour l’euro.

 De son côté, Donald Trump n’a pas renoncé à imposer aux entreprises américaines de rapatrier une partie de leurs trésoreries à l’étranger. Cela pourrait se traduire par un afflux de plusieurs centaines, voire des milliers, de milliards de dollars vers les Etats-Unis. Mécaniquement, cela engendrera une hausse de la devise américaine. Les marchés étant le plus souvent un équilibre entre tendances contraires, chacun s’accorde aujourd’hui pour dire que la parité la plus probable pour les prochains mois sera de 1 euro pour 1,15 dollar.

  A moins qu’une grave crise ne survienne cet été, côté américain, les prémisses d’un long feuilleton judiciaire où Donald Trump serait le principal protagoniste se dessinent. Relations avec la Russie, conditions du limogeage du patron du FBI et conflits d’intérêts sont à la source de mises en accusations en cours ou prévisibles. Cela aura un impact sur la valeur du dollar qui pourrait alors plonger. A l’inverse, la crise grecque qui peut à tout moment rebondir peut pénaliser l’euro. Quoiqu’il en soit, on n’a pas fini de reparler de la parité euro-dollar.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Finances

Algérie – Planche à billets : les signes d’emballement s’accumulent

« Ce déficit ne présente aucun risque pour la stabilité des prix ni pour l’équilibre économique », a affirmé le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, en clôture du débat à… Lire Plus

Actualités Finances

PLF 2026 : les députés du MSP dénoncent un budget déconnecté des réalités

Le projet de loi de finances 2026, actuellement en débat à l’Assemblée populaire nationale (APN), a commencé à susciter de vifs critiques, notamment de la part des députés du Mouvement… Lire Plus

Façade du siège de la Bourse d’Alger, un marché marqué par la faible liquidité et des échanges sporadiques.
Actualités Algérie

5,4 milliards de dollars de capitalisation : la Bourse d’Alger est-elle vraiment compétitive ?

Avec une capitalisation de 700 milliards de dinars (5,4 milliards de dollars), la Bourse d’Alger affiche une timide progression de 1,17% sur un an. Un chiffre qui interroge quand on… Lire Plus

Actualités Finances

Contrôle fiscal : les entreprises pourront désormais demander un arbitrage

La Direction générale des impôts fait évoluer ses pratiques. Une circulaire publiée fin octobre précise comment seront appliquées, dès cette année, les nouvelles garanties prévues par la loi de finances… Lire Plus

Façade du siège de la Bourse d’Alger, un marché marqué par la faible liquidité et des échanges sporadiques.
Actualités Bourse

La Bourse d’Alger se digitalise, mais tourne toujours à vide

La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) affirme être “en phase très avancée” du projet de numérisation des ordres de vente et d’achat à la Bourse… Lire Plus