Christophe Gleizes, journaliste français, est détenu en Algérie depuis près d’un an, sans qu’aucune information n’ait été rendue publique à son sujet jusqu’à sa condamnation, le 29 juin, à sept ans de prison ferme. Les explications de Khaled Drareni, représentant de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique du Nord, dans cet entretien.
M E : Christophe Gleizes, un journaliste sportif français, a été arrêté et poursuivi en Algérie dans le plus grand silence depuis un an. Avez-vous une explication à cette situation inédite dans notre pays ?
KH.D : L’affaire Christophe Gleizes n’a pas été médiatisée, conformément au souhait de sa famille et de Reporters sans frontières, qui ont préféré donner une chance à la justice algérienne de traiter le dossier sans pression. Au départ, il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter L’Algérie. Nous étions en attente de la fixation de la date du procès. Celui-ci a été programmé en février, puis reporté au 29 juin. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas ébruiter cette affaire pendant 13 mois.
ME : Que reproche-t-on à Christophe Gleizes ? Le fait d’exercer un travail de journaliste alors qu’il est entré en Algérie avec un visa touristique ? Les sujets sur lesquels il enquêtait ? Ses anciens contacts avec des membres du MAK ?
KH.D : On reproche effectivement à Christophe Gleizes d’être entré en Algérie avec un visa touristique, d’avoir évoqué dans un de ses reportages l’affaire de la mort du joueur Albert Ebossé, ainsi que d’avoir réalisé une interview avec le président du MAK, une organisation classée terroriste par les autorités algériennes. Ce sont là, en résumé, les principaux griefs retenus contre lui par la cour criminelle de Tizi Ouzou.
ME : Combien de journalistes sont actuellement en prison en Algérie ?
KH. D : Il y a actuellement deux journalistes incarcérés en Algérie. Abdelouakil Blam, détenu non pas pour des faits purement journalistiques, mais pour des publications sur les réseaux sociaux. Reporters sans frontières avait dénoncé son arrestation dès le premier jour et nous continuons de réclamer sa libération. Nous attendons son procès. Aujourd’hui, Christophe Gleizes, en tant que journaliste français, a été condamné le 29 juin à 7 ans de prison ferme.
ME : Pourtant l’Algérie a vu son classement en matière de liberté d’expression et de la presse s’améliorer l’année dernière. Un commentaire à ce sujet ?
KH.D : Je pense que l’amélioration du classement de l’Algérie dans le rapport de Reporters sans frontières est principalement due à la libération d’Ihsane El Kadi, le 1er novembre 2024. Je rappelle qu’il a été gracié, et il était alors le dernier journaliste algérien en détention. Cette grâce a clairement été perçue comme un signe positif dans l’évaluation du pays.
M E : L’avocat, Me Salah Brahimi, a confirmé avoir déposé un appel dans l’affaire de Christophe Gleizes. Quelle issue attendez-vous de cette affaire ?
KH. D : Nous espérons que cette peine de 7 ans sera non seulement allégée, mais purement et simplement annulée. Christophe Gleizes est un vrai journaliste, sincère, honnête, passionné de football. C’est un grand supporter du Paris Saint-Germain. Sa place n’est pas en prison, elle est dans une rédaction. Nous souhaitons de tout cœur qu’il soit libéré.