Dans une analyse publiée sur son compte LinkedIn, l’analyste financier Chaabane Assad met en lumière un écart frappant entre l’évolution des salaires à Sonatrach, entreprise publique phare du secteur des hydrocarbures, et celle de Biopharm, poids lourd du secteur pharmaceutique privé. Sa question centrale : comment expliquer une progression salariale beaucoup plus rapide dans une entreprise publique, alors même que sa productivité décline ?
Selon les chiffres avancés par Assad, la masse salariale de Sonatrach (maison mère) a atteint 241 milliards de dinars en 2023 pour un effectif stable de 66.025 employés. Cela représente une rémunération mensuelle brute moyenne de 304.177 dinars par salarié, soit une hausse de 9,49 % par rapport à 2022, et de 28 % par rapport à 2021. Pourtant, la production de l’entreprise a chuté de 19,45 % sur la même période.
Biopharm, de son côté, a vu sa masse salariale progresser plus modestement, à 4,4 milliards de dinars pour un effectif de 2.894 employés, soit une rémunération moyenne de 126.843 dinars par mois. Cela correspond à une augmentation de 5,62 % par rapport à l’année précédente, alors que la baisse de productivité n’a été que de 1,62 %.
Des écarts qui interrogent l’économie réelle
Assad ne cherche pas à généraliser cette comparaison à l’ensemble des secteurs public et privé. Il s’en tient à une lecture comparative entre deux grandes entreprises emblématiques, mais aux logiques très différentes. L’écart de rémunération est néanmoins significatif : en 2023, un salarié de Sonatrach a perçu en moyenne 2,4 fois plus qu’un salarié de Biopharm. Ce ratio était de 1,98 en 2021.
L’analyste concède que ces ajustements salariaux peuvent être légitimes au vu de l’inflation, mais pose une question de fond : est-il économiquement rationnel qu’une entreprise publique en perte de productivité augmente ses salaires plus vite qu’une entreprise privée plus stable ? Et dans ces conditions, comment le privé peut-il attirer les compétences nécessaires à son développement, face à un secteur public offrant non seulement de meilleurs salaires, mais aussi une plus grande sécurité de l’emploi et moins de pression opérationnelle ?
Pour Assad, ces écarts appellent à une remise en question du cadre théorique habituel. Il plaide pour une relecture des équilibres économiques, adaptée aux réalités spécifiques de l’économie algérienne.
Maghreb Émergent