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Pr Brahim Guendouzi  à Maghreb Emergent : « l’Algérie reste attentive aux retombées des décisions de Trump sur le marché pétrolier »

Par Maghreb Émergent
6 avril 2025

Brahim Guendouzi, professeur d’économie et de commerce à l’université de Tizi-Ouzou, nous livre dans cet entretien son analyse de situation économique nationale à la lumière des développements internationaux

Maghreb Emergent : Comment évaluez-vous la conjoncture économique nationale au regard des développements à l’international  ?

Brahim Guendouzi : N’étant pas intégrée au système commercial multilatéral piloté par l’OMC, les incertitudes récentes liées aux décisions unilatérales de Trump relatives aux droits de douane, font que l’Algérie reste surtout attentive aux retombées sur le marché pétrolier international. Une tendance baissière durable des cours du pétrole brut aurait des conséquences négatives sur la balance commerciale se traduisant par la remise en cause des équilibres économiques et sociaux du pays. Les investissements publics destinés à la diversification économique sont aussi soumis à la problématique du financement dont la fiscalité pétrolière a une place prépondérante.

En second lieu, le risque de perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales peut se répercuter sur le fonctionnement des entreprises algériennes, particulièrement celles dépendantes de l’importation des inputs.

L’Algérie a l’habitude d’échapper aux grands bouleversements qui frappent l’économie mondiale.  Nous avons déjà vécu ça avec la pandémie de COVID. Est-ce que cette règle est toujours valable  ?

Le contrôle des changes et la domination des hydrocarbures dans la structure des exportations font que l’Algérie ne subisse pas trop les chocs externes, sauf lorsque le marché pétrolier est touché comme c’était le cas en 2014 et au début du Covid en 2020.

D’où le silence de nos autorités alors que la panique s’est installée partout dans le monde  ?

Les exportations algériennes vers les États-Unis sont essentiellement des hydrocarbures, plus une faible partie en produits manufacturés et agricoles. Or les droits de douane ne concernent pas le pétrole (et indirectement le gaz naturel) qui reste un produit boursier dont le prix est volatil, car dépendant de plusieurs paramètres.

Le droit de douane de 30% auquel seront soumis les produits algériens n’influe pas sur la balance commerciale bilatérale. L’économie algérienne est plus ouverte aux investissements des firmes américaines dans le cadre des accords de partenariat avec Sonatrach et Sonelgaz.

Que doit faire le gouvernement algérien pour s’adapter à cette nouvelle situation  ?

Le gouvernement algérien s’attelle à intensifier les investissements, y compris les IDE, pour enclencher un processus de densification du tissu industriel et de diversification des exportations. Évidemment, cela reste une perspective de moyen terme. D’autre part, la volonté de renforcer le secteur agricole et de s’inscrire dans le processus de la transition énergétique sont aussi des paramètres qui renforceront la résilience de l’économie algérienne par rapport aux chocs externes.

Y a-t-il risque d’une crise pétrolière majeure ?

Le risque existe tant persistent les crises au Moyen-Orient, en Europe avec le conflit russo-ukrainien et, aujourd’hui, la déstabilisation du commerce multilatéral. Les stratégies de rupture mises en œuvre dans ces conflits sont susceptibles de se répercuter aussi bien sur le marché pétrolier international, mais aussi sur les marchés des changes par rapport au dollar ainsi que sur les marchés financiers. Il ne faut pas oublier le poids des dettes publiques aux USA, en France, etc.

Mis à part une crise pétrolière, sommes-nous à l’abri des tensions sociales  ?

La question du social en Algérie reste dépendante des transferts sociaux que l’État assure dans le cadre du budget. Le déficit budgétaire toléré l’est parce que, quelque part, il y a l’apport non négligeable de la fiscalité pétrolière. Mais à moyen terme, est-ce que ce sera soutenable, surtout quand on connait les risques actuels d’une récession de l’économie mondiale, d’une part, et une tendance baissière durable des cours du pétrole brut.

Entretien réalisé par M. Iouanoughene

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