La filière avicole en Algérie, et plus particulièrement la production d’œufs, traverse une période de grande instabilité, marquée par une fragmentation importante, une réglementation quasi absente et une volatilité persistante des prix des intrants essentiels, notamment les aliments pour volailles. Ces facteurs impactent directement la production et la commercialisation des œufs, un produit de première nécessité pour les consommateurs algériens.
Un marché mal réglementé et dominé par l’informel
Au Salon Sipsa-Filaha, qui se tient actuellement à la Safex d’Alger, un producteur avicole de l’Est du pays a dressé un constat franc et direct : « C’est l’anarchie totale dans le secteur ». Selon lui, le marché des œufs souffre d’une absence de cadre réglementaire clair, laissant place à une forte influence de l’économie informelle sur toute la chaine de production jusqu’au consommateur final.
Cette situation se traduit par une fluctuation importante des prix des œufs, observée depuis la fin de l’année 2024 et début de l’année 2025. Le producteur explique que la hausse des prix des aliments pour volailles, élément clé dans le coût de production des œufs, est l’un des principaux facteurs à l’origine de cette instabilité.
Des coûts de production en forte hausse
Le coût d’acquisition des poulettes de ponte a doublé en seulement deux ans, ce qui pèse lourdement sur les producteurs. Cette augmentation significative des coûts pourrait entraîner une baisse de la production, avec pour conséquence une hausse des prix à la consommation.
En effet, le prix du plateau de 30 œufs a connu des variations notables : il a atteint 600 DA dans certaines grandes surfaces, avant de redescendre récemment à environ 320 DA. Cette volatilité perturbe tant les producteurs que les consommateurs.
Des pratiques commerciales contestées sur le marché des œufs
Le producteur rencontré au Salon dénonce également les pratiques de certains commerçants qui appliquent des prix uniformes et parfois abusifs aux œufs, indépendamment du calibre. Ces pratiques sont particulièrement visibles lors des pics de consommation, notamment pendant le mois de Ramadan. Or, paradoxalement, la demande diminue souvent à cette période en raison de la fermeture de nombreux établissements (restaurants, pâtisseries, cantines), ce qui devrait normalement faire baisser les prix des œufs.
Face à ces difficultés, le ministre du Commerce intérieur, Tayeb Zitouni, a récemment assuré que les pouvoirs publics veillent à ce que les œufs, considérés comme un produit « essentiel », soient disponibles en quantité suffisante sur le marché national.
Le producteur a également rappelé la période de la grippe aviaire, il y a trois ans, où la transparence avait fait défaut. Les chiffres exacts des zones touchées n’ont jamais été communiqués, en grande partie à cause du non-respect des obligations de déclaration par les producteurs opérant dans l’informel.
Cette opacité a favorisé la vente d’œufs potentiellement contaminés, mettant en danger la santé publique et la confiance des consommateurs.