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Procès de l’affaire Khalifa : Me Miloud Brahimi: « La corruption est un sport d’élite en Algérie »

Par Yacine Temlali
8 juin 2015
Le groupe Khalifa: un empire financé sur l’argent des épargnants et des dépôts d’organismes publics à la Khalifa Bank (photo publiée sur Fric.Afrique).

Pour un des avocats de la défense, Me Khaled Bourayou, le « silence d’Abdelmoumène Khalifa » et ses « non-révélations » ont réduit ce procès « à celui des cartes de thalassothérapies et de voyages gratuites ». 

 

Me Miloud Brahimi a ouvert la session des plaidoiries de la défense aujourd’hui au tribunal criminel près de la Cour de Blida jugeant l’affaire de la faillite frauduleuse de la Khalifa Bank.

Constitué pour la défense de Rehal Radha, ancien Pdg de l’Entreprise nationale de géophysique Enageo (filiale de Sonatrach), et de Guelimi Djamel, l’ancien inspecteur général de Khalifa Airways, Pdg de Khalifa Tv et antérieurement à cela, clerc du notaire Rehal Omar, Me Brahimi a rappelé que tout le monde a profité des cartes de gratuité et de fidélité de voyage pour lesquelles sont poursuivis pour corruption une cinquantaine de prévenus : « N’avions-nous pas tous bénéficié de ces cartes que l’on obtenait par fidélité ? J’entends par nous, le syndicat des magistrats, le syndicat des avocats, les institutions supérieures des pays, les hautes personnalités y compris celles qui nous gouvernent aujourd’hui ». Et d’ajouter : « La corruption est un sport national, et même un sport d’élite en Algérie. »

Son mandant Rehal Redha, qui encourt 3 ans de prison pour des faits de corruption (réception de cartes de voyage contre dépôt de 30 millions de DA et 10 millions de dollars à la Banque Al Khalifa), ne fait pourtant l’objet d’aucune demande de poursuite judiciaire de la part des parties civiles. Ses actes de gestion sont contestés et considérés comme illégaux par l’arrêt de renvoi ; selon son avocat, il ne faisait qu’appliquer une politique de « diversification des dépôts d’Enageo dans différentes banque ».

En effet, Enageo a procédé au placement de 38 millions de DA à la Banque extérieure d’Algérie (BEA), et de 4 millions de DA à City Bank, outre les 30 millions de DA de dépôt à terme, pour une période de 6 mois, à Al Khalifa Bank. « S’il voulait pratiquer des actes de corruption, il ne serait pas contenté de cartes de voyages gratuites, étant donné les prérogatives que lui conférait son poste de Pdg », rappelle Me Miloud Brahimi. 

 

Me Bourayou : « L’investigation judiciaire reste le million faible de la justice »

 

Constitué pour la défense de Mourad Isid Idir, ex-directeur de la direction Hilton au sein de la Banque Al Khalifa, et ancien chargé d’études des crédits auprès de l’agence de la banque BDL de Staouéli, ainsi que de Oendjli Mouhamed et Meziani Abdel Ali, membre du conseil d’administration de la CNES, Me Khaled Bourayou a entamé sa plaidoirie en mettant en relief les différences entre ce procès et celui de 2007 : « En 2007, Abdelmoumène Khalifa était absent, mais il était présent par les informations qu’il nous donnait depuis Londres. Aujourd’hui, il est présent physiquement, mais absent par le silence qu’il nous impose, et ses non-révélations ont réduit ce procès à celui des cartes de thalassothérapies et de voyages gratuites. Et de souligner les graves défaillances et l’inefficience des investigations judiciaires en Algérie : « Si l’investigation judiciaire était performante, les auteurs de falsification des actes notariés relatifs à l’hypothèque de la villa et le local de Chéraga auprès de la BDL de Staouéli (faits reprochés à Issir Idir) auraient été retrouvés, et les coupables présumés n’auraient pas comparu devant le tribunal criminel sans preuves convaincantes, mais uniquement sur la base de déclarations verbales. ».

Avançant que son mandant est victime d’un complot, Me Khaled Bourayou a regretté le fait qu’on n’ait pas interrogé des personnes susceptibles de prouver son innocence, tout en regrettant les habitudes de non-assistance à la justice qui semblent bien installées chez les Algériens. « Chez nous, quand le nom d’une personnalité est dévoilé dans une enquête judiciaire, il est aussitôt dissimulé, et des sommes sont même versées pour couvrir ces vérités. Dans les Etats de droit, un nom de personnalités impliquées dans des affaires délictueuses ou criminelles est vite médiatisée et les sommes sont prévues pour les personnes qui témoignent et aident la justice », a relevé, scandalisé, Me, Khaled Bourayou.

 

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