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Quand l’Algérie subventionne simultanément les importations et les exportations

Par Maghreb Émergent 14 mai 2018

 

Le fait d’avoir une monnaie surévaluée est une prime à l’importation. Cette prime à l’importation est l’équivalent du taux de surévaluation du dinar, soit 60% environ.

L’Etat algérien veut encourager l’exportation par tous les moyens. Dans ce sens, le ministre du Commerce, Said Djellab,  a affirmé, lors de son passage hier sur Ennahar TV, que l’Algérie va instituer « une prime à l’exportation ». Selon lui en effet, les opérateurs algériens désireux d’aller vers l’exportation de leurs produits pourraient bénéficier prochainement d’une prime qui va de 5% à 20% et peut même aller, dans certains cas, au-delà.

« On va aller, peut-être, directement vers une prime à l’export pour encourager l’exportateur », a-t-il déclaré en expliquant  que le taux de cette prime augmentera en fonction du taux d’intégration du produit destiné à l’export. « Le taux de cette prime pourrait aller jusqu’à 15% ou peut-être 20%  si le taux d’intégration du produit exporté est important. Quant aux produits où l’intégration est très faible, ils bénéficieront d’un taux de 5%. L’essentiel c’est que l’opérateur gagne », a-t-il assuré.

« Mesure excellente » selon Ali Bey Naceri

Cette mesure va-t-elle donner un coup de pousse aux exportations ? Le président de l’Association nationale des exportateurs, Ali Bey Naceri, estime que la mesure en elle-même est « excellente ». « Le Gouvernement veut aider les exportations à travers des subventions. C’est une excellente chose, mais ce n’est pas suffisant », a-t-il indiqué en pointant du doigt notamment «la problématique du taux d’intégration qui, selon lui, reste difficile à évaluer et risque de, ce fait, de générer des discriminations entre les exportateurs potentiels.

La sous-facturation est-et-elle la règle dans l’exportation ?

Une analyse de la réalité économique du pays laisse penser que cette « trouvaille » du ministre du Commerce est un non-sens dans la situation actuelle. En effet, le dinar étant surévalué d’environ 60%, le fait même de parler d’exportation relève d’un non-sens.

« Quand j’exporte, je ne prends pas de bénéfice sur les produits que je facture. Je sous-facture mes produits, j’encaisse les devises à l’étranger et je les change au marché noir. C’est grâce au taux de change parallèle que je fais du bénéfice. Le produits que j’exporte n’est, souvent, est quasiment un prétexte, surtout avec les coûts excessifs du transport, » nous a confié un exportateur de dattes et de légumes en assurant que la pratique est courante et que, globalement, elle constitue la règle.

« Quand on importe, on surfacture, quand on exporte, on sous-facture, l’enjeu étant de récupérer le maximum possible de devises  pour les changer dans le marché noir », nous a expliqué un autre patron d’une entreprise d’import-export. Toutefois, même si cette pratique est courante, notamment chez les « petits  opérateurs», elle reste marginale parmi les grandes entreprises, et, pour en évaluer l’étendue avec exactitude, il est impératif que des études se fassent sur la problématique de la facturation et de la sous-facturation dans le commerce extérieur.

Subvention de 60% aux importations

Aujourd’hui, l’Algérie subventionne les importations indirectement et veut subventionner les exportations directement. En effet, le fait d’avoir une monnaie surévaluée est une prime à l’importation. Cette prime à l’importation est l’équivalent du taux de surévaluation du dinar, soit 60% environs.

De fait, la prime à l’importation est de 60 % alors que le ministre du Commerce parle d’une prime à l’exportation qui va de 5% à 20% en fonction, dit-il, du taux d’intégration du produit exporté. Avant d’aller vers l’institution d’une prime à l’exportation, ne vaudrait-il pas mieux commencer par supprimer la prime à l’importation qui coûte des sommes faramineuses au Trésor public ?

 

 

 

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