Ce lundi 3 novembre, à l’hôtel El Aurassi, une journée d’étude organisée par la section ordinale régionale des pharmaciens d’Alger sous l’égide du conseil national de l’ordre des pharmaciens, sur la qualité des métiers de pharmacie, la table ronde essentiellement sur la pharmacie algérienne a pris un virage inattendu mais crucial. Initialement centrée sur la production et la distribution des médicaments, la rencontre a rapidement été dominée par le défi de l’intelligence artificielle (IA). Les débats ont mis en lumière une réalité incontournable : l’IA envahit désormais ce secteur vital, exigeant une révision immédiate des pratiques pour garantir la sécurité du patient algérien tout en accélérant la numérisation.
Une réglementation rigoureuse et une responsabilité éthique avant tout
La rencontre a permis de rappeler qu’il faut accorder une attention particulière à la chaîne de valeur des médicaments, qui doit s’étendre jusqu’au patient. C’est ce qu’a affirmé Dr Oussama Madadi de l’agence nationale des produits pharmaceutique, insistant sur le fait que le médicament est « un bien public du patient, devant garantir qualité, sécurité et dispositif fiable ». Il a également souligné l’importance d’accompagner et d’orienter les autres participants à cette chaine, grâce aux compétences algériennes, pour renforcer la fabrication nationale par l’introduction de nouvelles molécules et technologies. De son côté, Bestandji Maya, directrice assurance qualité, a insisté sur les bonnes pratiques de fabrication. Pour elle, il est primordial de se focaliser sur toutes les activités pouvant affecter la qualité du produit, avec un contrôle rigoureux du site et une traçabilité complète avant que le médicament ne soit disponible sur le marché.
L’intelligence artificielle, opportunité ou menace ?
Milliani Razi, expert international en pharmacie, a mis en garde contre une digitalisation trop rapide, invitant à une formation continue des acteurs de la chaîne pour maîtriser efficacement cette technologie. Selon lui, il faut éviter les investissements hâtifs qui deviendront inutiles quelques semaines plus tard, car l’IA évolue à un rythme effréné et devient de plus en plus accessible. Un fait alarmant a été révélé : une plateforme d’IA a traité 18 milliards de questions en une semaine, dont 70% concernaient la santé mentale, physique et psychologique. Le problème majeur est que la majorité des réponses sont hors sujet, et visent uniquement à retenir les utilisateurs, ce qui représente un véritable danger.
Un appel à une numérisation préalable
Face à cette situation, une démarche structurée a été recommandée : « Il faut une numérisation avant la digitalisation et les IA ». Cette étape est indispensable pour créer des outils locaux performants, comme un logiciel capable d’analyser et valider les ordonnances avec précision, pour mieux gérer la crise des médicaments, notamment post-Covid, et adapter les doses prescrites. Cette rencontre a mis en lumière la nécessité d’équilibrer l’innovation technologique et le respect de l’éthique, pour garantir la sécurité optimale des patients algériens. La révolution numérique ne doit pas se faire au détriment de la qualité des soins, mais au contraire, doit devenir un levier pour la souveraineté pharmaceutique nationale.
                            





