Quatre Algériens ont été arrêtés à Ibiza pour avoir piloté deux “pateras-taxi” transportant des migrants depuis l’Algérie vers les îles Baléares. Les traversées auraient rapporté 120 000 euros.
Les autorités espagnoles ont arrêté quatre ressortissants algériens à Ibiza, soupçonnés d’avoir piloté deux embarcations clandestines entre la côte algérienne et les îles Baléares. Selon la Policía Nacional, les suspects auraient organisé ces traversées payantes, des “pateras-taxi”, et gagné environ 120 000 euros en seulement deux voyages.
L’opération a été révélée par plusieurs médias espagnol qui rapportent que les quatre hommes, âgés de 25 à 40 ans, ont été placés en détention provisoire à Ibiza.
Deux embarcations interceptées au large de Formentera
L’enquête a débuté après deux interceptions menées le 27 octobre 2025 par Salvamento Marítimo (le service espagnol de secours en mer). La première embarcation, une patera d’environ six mètres, a été repérée à 53 milles nautiques au sud de Formentera, avec 17 passagers algériens à bord. Quelques heures plus tard, une seconde embarcation transportant 23 personnes, dont un mineur, était localisée à proximité des côtes de l’île.
Les deux bateaux, propulsés par des moteurs Yamaha puissants, avaient quitté la côte algérienne presque en même temps. Chaque passager aurait payé 3 000 euros pour la traversée de plus de 200 kilomètres à travers la Méditerranée.
Les “pateras-taxi”, un modèle de trafic rentable
Les enquêteurs décrivent un système bien rôdé : des petites embarcations rapides transportant un nombre limité de migrants, chacune pilotée par deux hommes expérimentés. Ces “pateras-taxi” permettent de minimiser les risques de détection tout en maximisant les profits. Apparu ces dernières années, ce modèle de trafic est devenu une nouvelle tendance sur la route migratoire Algérie–Baléares, l’une des plus actives en Méditerranée occidentale. Les autorités espagnoles estiment que les pilotes maîtrisaient parfaitement la navigation entre la côte algérienne (probablement Oran ou Mostaganem) et Formentera. Après le débarquement, ils tentaient de se fondre parmi les migrants ou de disparaître dans l’île.
Interpellation et poursuites judiciaires à Ibiza
Les quatre pilotes ont été localisés et arrêtés à Ibiza par les agents de la Brigada de Extranjería de la Police nationale. Ils sont accusés de trafic de migrants et de mise en danger de la vie d’autrui, conformément à l’article 318 bis du Code pénal espagnol. Un juge d’instruction a ordonné leur incarcération préventive, tandis que l’enquête se poursuit pour identifier d’éventuels complices en Algérie.
Un phénomène qui se professionnalise
Les Baléares connaissent depuis plusieurs mois une hausse notable des arrivées de migrants algériens. Depuis janvier 2025, plus de 1 000 personnes ont atteint les côtes d’Ibiza et de Formentera à bord de petites embarcations. La Guardia Civil et Salvamento Marítimo ont renforcé la surveillance maritime, mais les passeurs utilisent désormais des techniques plus sophistiquées : moteurs rapides, itinéraires changeants et départs de nuit.
Les pilotes de ces embarcations risquent jusqu’à huit ans de prison en Espagne pour trafic de migrants, tandis que les passagers sont transférés vers des centres de rétention avant un éventuel renvoi. L’affaire d’Ibiza illustre la transformation du trafic migratoire en Méditerranée : moins visible qu’avant, mais de plus en plus structuré et lucratif.
Les “pateras-taxi” représentent aujourd’hui une nouvelle économie parallèle, exploitant la demande de migrants prêts à risquer leur vie pour rejoindre l’Europe.





