C’est de Rabat qu’est venue la première réaction officielle à la médiation américaine annoncée entre l’Algérie et le Maroc. Lors d’un forum à Barcelone, le directeur général des affaires politiques au ministère marocain des affaires étrangères, Fouad Yazourh, a déclaré que le royaume « souhaite la stabilité » et « la normalisation des relations » avec l’Algérie, selon des propos rapportés par un média marocain citant l’agence espagnole EFE.
Le diplomate intervenait au forum World in Progress, organisé par le groupe espagnol PRISA, éditeur du quotidien El País. Il a rappelé que le roi Mohammed VI avait proposé à « trois reprises » de renouer le dialogue, sans réponse d’Alger. Ces déclarations surviennent alors que, pour la première fois depuis la rupture des relations diplomatiques en 2021, les États-Unis évoquent publiquement une médiation entre les deux pays.
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Une médiation surprise qui bouscule les équilibres maghrébins
Dimanche dernier, sur la chaîne américaine CBS, Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, a affirmé que son équipe « travaille actuellement sur le Maroc et l’Algérie » et qu’il s’attend « à un accord de paix dans les soixante jours ». L’annonce a surpris par son ton affirmatif, alors qu’aucune concertation régionale ou multilatérale n’a été engagée dans ce sens.
À Alger, silence complet. Les médias publics ont simplement rappelé les propos du président Abdelmadjid Tebboune, qui a récemment réitéré son refus de « toute médiation, même entre frères », affirmant que le rétablissement des relations devait se faire « sans interférence étrangère ».
Selon une analyse publiée par Maghreb Émergent, cette séquence relève moins d’une percée diplomatique que d’une tentative américaine de reprendre pied dans un Maghreb redevenu stratégique, entre tensions énergétiques et recomposition des alliances.
Washington cherche à consolider ses relais au nord du Sahara, tandis que Moscou et Pékin renforcent leur présence économique et militaire en Afrique du Nord et au Sahel.
Dans ce contexte, Rabat affiche une ouverture calculée, misant sur son partenariat avec les États-Unis et sur sa stabilité institutionnelle pour apparaître comme un interlocuteur fiable. Alger, de son côté, maintient une ligne de souveraineté absolue et de distance vis-à-vis des initiatives occidentales. À court terme, rien ne laisse entrevoir un rapprochement concret : la fracture politique et sécuritaire entre les deux pays reste profonde, et le dossier du Sahara occidental demeure le principal verrou d’un dialogue toujours hypothétique.
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