Le dernier rapport de l’Office national des statistiques (ONS) a suscité une vive polémique. En effet, l’institution a annoncé une révision significative du taux de chômage pour l’année 2024, le faisant passer de 12,7 % à 9,7 %.
Cette correction a été justifiée par l’ONS à travers un communiqué détaillé, mettant en avant trois ajustements majeurs apportés aux données initiales. Mais qu’en est-il réellement ? Cette révision est-elle le fruit d’une manipulation ou d’une méthodologie rigoureuse ?
Les trois ajustements clés de l’ONS
Dans son communiqué, l’ONS a expliqué que trois facteurs principaux ont conduit à cette révision du taux de chômage. Ces ajustements concernent l’emploi informel, les réponses jugées « de circonstance » lors des enquêtes, ainsi que les créations d’emplois non prises en compte dans les données initiales.
En premier lieu, l’emploi informel. L’ONS a identifié un effectif cumulé de 337.000 personnes qui, bien qu’exerçant une activité informelle ou n’ayant jamais travaillé, ont déclaré chercher un emploi lors de l’enquête. Selon l’institution, ces déclarations pourraient être motivées par le souhait de maintenir le bénéfice des allocations chômage. Cependant, l’ONS estime que ces personnes accepteraient favorablement une proposition d’emploi si elle leur était faite. Ainsi, elles ne devraient pas être comptabilisées comme chômeuses au sens strict du terme.
Deuxièmement, les réponses « de circonstance ». L’enquête a également révélé que certaines réponses pourraient être considérées comme opportunistes ou peu fiables. Par exemple, des personnes ayant déclaré chercher un emploi sans réelle intention de travailler ont été identifiées. Ces réponses, jugées non représentatives de la réalité du marché du travail, ont été exclues du calcul final.
Enfin, les créations d’emplois non prises en compte. car l’ONS a intégré dans ses calculs près de 70.000 postes d’emplois créés au cours du dernier trimestre, notamment en octobre 2024, qui n’avaient pas été inclus dans l’enquête initiale. Ces créations d’emplois, principalement dans le secteur formel, ont contribué à réduire le taux de chômage global.
Un taux de chômage à 9,7 %, une réalité crédible ?
Malgré les critiques, l’ONS maintient que ses ajustements sont basés sur des données vérifiables et une méthodologie transparente. L’institution souligne que les 337.000 personnes concernées par les ajustements représentent une part significative de la population active, et que leur exclusion du calcul du chômage est justifiée par leur situation particulière.
Reste à savoir si ce taux de 9,7 % reflète véritablement la réalité du marché du travail en Algérie. Si les créations d’emplois et la prise en compte de l’emploi informel sont des facteurs importants, certains experts estiment que des défis majeurs subsistent, notamment en matière de qualité des emplois créés et de persistance du sous-emploi.
La polémique autour de la révision du taux de chômage met en lumière les défis liés à la mesure des indicateurs économiques dans un contexte complexe. Pour rétablir la confiance, l’ONS pourrait renforcer la transparence de ses méthodes et engager un dialogue avec les acteurs économiques et sociaux. En attendant, le débat reste ouvert : cette correction est-elle un pas vers une meilleure compréhension du marché du travail, ou une tentative de masquer les difficultés économiques du pays ?
Une chose est sûre : derrière les chiffres, se cachent des réalités humaines et sociales qui méritent une attention particulière. La question du chômage en Algérie, qu’il soit de 9,7 % ou de 12,7 %, reste un enjeu central pour l’avenir du pays.
N.Nahlil